Gaullismes



Le dessin en tête a été fait en 1967, en Angleterre, l'année précédente des célèbres manifestations de mécontentement à Paris, et ailleurs en France, quand les étudiants se joignaient aux ouvriers, et le pays a quasi effleuré une guerre civile. L'illustration donc, malgré ses défauts, est peut-être un peu visionnaire. En tous cas elle est une véritablement pièce de l'époque.
Une époque où Charles de Gaulle était considéré trop anti-américain, trop autoritaire, trop conservateur et même trop hors de touche avec la réalité. En effet il était bien plus préoccupé par les affaires étrangères et militaires que par les affaires intérieures françaises devenues alors assez critiques et préoccupantes.

Mais il n'y a pas de doute que De Gaulle était le grand leader français du moment venu en ce qui concerne la deuxième guerre mondiale. Et non seulement comme l'incitateur à la résistance après l'armistice (soutenu par la conviction du Maréchal Pétain exprimée à Churchill qu'en 'trois semaines, l'Angleterre aura son cou extorqué comme un poulet et qu'un tel plan serait comme une fusion avec un cadavre.' Référence au projet désespéré de fusionner l'Angleterre avec la France pour mieux résister, au lieu de se rendre comme l'avait déjà décidé Pétain).

Bien entendu De Gaulle était totalement contre l'armistice. Plus tard, le 4 juillet 1940, un tribunal militaire à Toulouse l'a condamné in absentia à quatre ans de prison. Un deuxième tribunal militaire le 2 août 1940 a condamné De Gaulle carrément à mort pour trahison contre le régime de Vichy.

Charles de Gaulle savait aussi par son expérience militaire lors de la première guerre mondiale qu'une attaque efficace était déterminée par l'utilisation de chars blindés. Il l'avait d'ailleurs démontré en tant que Colonel d'un régiment de 200 chars à Montcornet obligeant l'infanterie allemande à se retirer à Caumont. Mais de telles réussites sans soutien aérien étaient bien rares, et de toute manière à l'époque, les opinions militaires de Charles n'eurent pas assez de poids vis à vis de ses supérieurs. 

Si Charles de Gaulle avait été moins anglophobe, peut-être les accords de Yalta auraient été plus nuancés, assumant qu'un De Gaulle plus 'diplomate' aurait été donc invité à y participer. En effet il exagérait cette tendance outre mesure. On dit même qu'il soupçonnait l'Angleterre de vouloir s'emparer des colonies françaises.

Churchill était souvent frustré par l'arrogance et 'l'égocentrisme patriotique' de Charles de Gaulle, bien qu'il la justifie dans ses mémoires : 'He felt it was essential to his position before the French people that he should maintain a proud and haughty demeanour towards "perfidious Albion", although in exile, dependant upon our protection and dwelling in our midst. He had to be rude to the British to prove to French eyes that he was not a British puppet. He certainly carried out this policy with perseverance.'

Sa femme, Clementine Churchill avait de l'admiration pour de Gaulle, mais une fois elle l'avait averti: 'Général, vous ne devez pas détester vos amis plus que vous ne détester vos ennemis.'
Une célèbre déclaration de De Gaulle était justement :  'La France n'a pas d'amis, uniquement des intérêts.'

Eisenhower lui-aussi estimait De Gaulle. Il était impressionné par la combativité des unités des Forces Françaises Libres.
En somme Charles de Gaulle a fait en sorte que la France ne perde pas l'espoir, qu'elle lève la tête, et qu'elle s'unifie à un moment ultra-critique de son histoire.

Mais alors il y a eu la guerre d'Algérie, dont Mitterand, alors ministre de l'Intérieur, a été lui aussi responsable pour l'envoi des premiers paras en Novembre 1954 (après la dite 'Toussaint rouge').

Très récemment j'ai reçu un commentaire intéressant à propos des harkis. C'était envoyé par quelqu'un peut-être connu déjà par les media, si j'ai bien compris. Un homme qui avait eu le courage, l'audace et la détermination de menacer sans façon les autorités françaises pour qu'ils fassent leur devoir en défaisant une espèce de camp de concentration érigé pour accueillir les harkis en France. Ceci avec le minimum d'égard de confort et d'hygiène. Une façon bien curieuse de les remercier pour leur engagement courageux et bien coûteux aux côtés des français défendant la cause et les intérêts de la France en Algérie.
C'est en fait ce commentaire qui m'a décidé d'écrire cet article.

D'aller trop en détail à l'égard de l'histoire de Charles de Gaulle, et certainement de cette guerre d'Algérie si traumatisante, rendrait cet article beaucoup trop long, mais l'exécution militaire de Jean-Marie Bastien Thiry, malgré ses décorations et son héroïsme, l'11 mars, 1963 mérite quand même une mention.
Selon Le Nouveau Candide, tout en soulignant la nécessité de lui avoir accordé la grâce, a ajouté ces dernier mots : Il y a des morts qu'il faut qu'on tue : malgré son assurance et sa superbe, de Gaulle doit craindre de ne pas être assez fort pour tuer ce cadavre là.

C'est toujours facile de critiquer rétrospectivement. En fait une guerre quasi civile avait déjà éclatée en Algérie avant que la France se soit engagée militairement. A ce moment là on aurait dit que la France n'avait pas de choix, et pourtant..

Si Charles de Gaulle avait été aussi visionnaire que certains faits historiques semblent avoir déjà démontré, il aurait compris à temps qu'un engagement militaire en Algérie de la part de la France rendrait la situation bien pire qu'elle n'était déjà.
Mais la menace française d'un engagement militaire, n'aurait-elle pas pu être mieux utilisée, mieux exploitée?

Avec cette menace, tout en négociant l'indépendance éventuelle de l'Algérie, peut-être les entreprises françaises dont beaucoup d'Algériens dépendaient alors, auraient pu continuer à fonctionner en Algérie. Peut-être les 'pieds-noirs' si bien établis depuis au moins trois générations, auraient pu continuer à vivre chez-eux en paix et en bonne harmonie avec les algériens, comme a toujours été le cas d'ailleurs. Et bien entendu les harkis n'auraient jamais ressenti, le besoin de se battre eux aussi pour ce dont manifestement ils croyaient à cette époque.

La cicatrice de cette guerre d'Algérie est toujours ouverte. Les apologies lamentables et honteuses de F. Hollande à l'égard du colonialisme, ne la rend que plus infecte.
On peut continuer indéfiniment à glorifier Charles de Gaulle, mais point pour l'histoire d'Algérie. Et même aujourd'hui il y a trop de gens, français, algériens, pieds-noirs et harkis qui en veulent et en voudront toujours à De Gaulle pour sa volte-face quasi désinvolte et assez indigne, et son manque  d'inquiétude à l'égard de ceux qui se sont engagés pour la cause de la France (et dans leurs yeux aussi pour celle de l'Algérie) dont la plupart a été laissée derrière pour subir, eux ainsi que leurs familles, les atrocités du FLN après le départ de l'armée française.

Tandis que le relativement peu de harkis accueillis en France, étaient très mal reçus, comme s'ils représentaient la honte, un rappel constant d'une grave erreur de jugement, ou d'un manque d'appréciation et d'anticipation.

Charles de Gaulle disait d'ailleurs- 'Après moi, le chaos.' en ce qui concernait l'Algérie il n'avait pas tort.

Ce n'est pas le chauvinisme qui me persuade, en toute objectivité, que malgré la grandeur indiscutable de Charles de Gaule, surtout lors de la deuxième guerre mondiale, Winston Churchill valait encore mieux. La raison est évidente. Si Chamberlain avait toujours été le PM de la Grande Bretagne lors de cette guerre de consequences terriblement fatales, c'est fort possible que Pétain aurait visé juste, et que l'Angleterre aurait elle-aussi subi une défaite cuisante. Evidemment dans un tel cas le moment de Charles de Gaulle ne serait jamais alors arrivé. Par conséquence il aurait été obligé de quémander le refuge des américains, qu'il détestait encore plus que les anglais.

Grâce à Churchill donc, Charles de Gaulle a pu être l'homme du moment que la France avait tant besoin pour retrouver et réconsolider de nouveau son identité, son unité, ses valeurs, et sa gloire.

Les discours superbes de Winston Churchill resonnent encore dans nos esprits et nous émeuvent toujours - 'We shall defend our island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall fight in the hills; we shall never surrender.'

Mais après la guerre la Grande Bretagne n'avait plus besoin de Churchill. Et il n'avait plus rien à prouver de toute façon. N'est-il pas aussi le destin épique de ceux qui tuent le monstre, qu'ils doivent eux aussi 'mourir' ?
Mais manifestement il semble que Charles de Gaulle avait toujours des choses à prouver. Et on pourrait se demander si, à la fin, il avait réussi à le faire.
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Text and coloured drawing © Mirino (PW). Sources include Wikipedia (in English). 
With thanks. November, 2012

1 comment:

LOUANCHI said...

lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.


Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

Interview du 26 mars 2012 sur rad.netio-alpes