A May Daydream



Is life not a dream?
Our ambitions, aspirations, expectations and illusions. Like those of prophets with their predictions and promises. Or the obsessions of fanatics. Our vanity, perhaps without which, ironically, we would be unable to reach the stars.
To be able to imagine, to create, to immortalise, we may have to reach down to the depths of our souls to find the magic ingredients necessary, the resources of strength and confidence, like those of gods.

But let us just close our eyes and softly slip into the far less demanding realm of dreams.

Kant wrote that 'the lunatic is a wakeful dreamer'. Perhaps then our sleeping dreams are the necessary opposition to our wakeful realities, if 'wakeful realities' aren't life's dreams..
Our minds then are in constant activity day and night, in dreams and reality, but the mental activity between the two periods may have a polaric difference and function. The 'illogic' compensates the 'logic', or visa versa. Unfathomable realities are brought to the limpid shallows of unreal clarity (clarity that is wonderful, admirable and incomprehensible..).

Many theories have been advanced throughout the history of civilisation, and more recently of course by Freud, Jung and other psychoanalysts and philosophers about dreams, their function and how to interpret them. But considering the vastness of differences between individuals and their personal experiences, whether one can generalise theoretically, regarding this aspect of human nature, would be another question.

There is also the weird phenomenon of 'déjà vu' when one arrives somewhere for the first time to suddenly realise with certainty, because of a feeling or certain details, of having been there before, in a dream. Or the strange experience of hearing something, for example in a conversation, and being acutely aware of having heard it, in tonality, time and space, precisely as it is, in a previous dream.
There are also the 'premonitive dreams' that warn one in advance of dangers destined to happen in the near future. As I have experienced this personally, I'm convinced of their authenticity.

It's said that during one's life-span, the total period one spends dreaming amounts to about six years. Approximately two hours a night of dreams or nightmares, of quasi 'irrational bliss' or quasi 'rational horror'.

But poetically I tend to think that life itself is an ephemeral, precious, and wonderful dream. And one would wish this for everyone to experience and appreciate.
Here in our fragile world there are still countless mysteries to discover and marvel at, including those that pertain to ourselves, our dreams and realities.

One imagines oneself slipping into the calm of clear sea water, warmed by the sun, and swimming discretely with the incredibly beautiful fish in this lush, still unspoilt, marine paradise. How can such sublime instants of reality that we are still so fortunately blest with, not be fabulous dreams?
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Text and Image (illustration from 'Alphonso's Dream') © Mirino (PW) May, 2009

Le Rat retraité

 


  The old rat has retired
Weary of the race
Scampering in sewers
Keeping up the pace.

Once he was dashing,
Venturous and bold
And many he sired
Before he grew old.

  But time may grant wisdom.
It never comes late
If one's teeth and whiskers
Are still growing straight.

And so he retired
To a country farm
By a peaceful quagmire
In seclusion and calm.

And there, on balmy days
When the time is ripe,
One might well catch a whiff
From the old rat's pipe.


 *

Le vieux rat s'est retiré
Bien las de la course
Détalant aux égouts
S'épuisant toutes ses forces

Autres fois il fut brave
Bien beau et vigoureux,
Et beaucoup il engendra
Avant qu'il fût vieux

Si le temps accorde la sagesse
Jamais trop tard vient-elle
Si les dents et les moustaches
 Poussent toujours droits et bien belles.

Il a pris donc sa retraite
Au pays doux et charmant
Par un marécage tranquille,
Tout seul et content.

Et là, aux jours embaumés
 Lorsque le temps est bien mûr,
La bouffée forte que l'on sent
Vient de sa pipe, bien sûr.

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Comme rat, il n'est pas encore qualifié de traiter du sujet de la retraite, et peut-être il ne le sera jamais, car si on a la chance d'avoir pratiqué une vocation, on la vit jusqu'au bout. Les sous sont toujours nécessaires, et les bienvenus, évidemment, mais ils ne prennent jamais la priorité lorsqu'on aime ce que l'on fait, le défend avec intégrité, et le fait avec amour.

D'ailleurs il y a des malheureux qui semblent avoir déjà pris leur retraite, au sens classique, à 30 ans. Le comble de leurs aspirations repose sur le principe banal (et sans âge) de faire le minimum pour gagner le maximum. De plus ils sont toujours convaincus d'être honteusement exploités. Et si une crise leur fait perdre leur travail, c'est encore la faute du patron et du gouvernement. C'est donc à eux de régler le problème sur le champ. Bref, on peut ainsi vivre- si on peut la considérer comme telle- toute une vie sans jamais assumer la responsabilité en tant qu'être humain, avec la volonté naturelle d'accomplir quelque chose de bien pour la postérité, ou pour faire valoir ce cadeau unique, précieux, extraordinaire mais seulement prêté, qui est justement la vie.

Le mot 'retraite' donc n'a pas la même connotation qu'il avait au siècle dernier. Nous bénéficions d'une longévité de plus en plus importante, à condition, bien-sûr, d'être en bonne santé. Il ne s'agit plus de mettre le vieux cheval au pâturage pour ses derniers jours, il s'agit plutôt d'une liberté nouvelle ou retrouvée.

Cette liberté est d'autant plus difficile à croire, si jusqu'à là on s'est battu des années sans cesse pour arriver à accomplir quelque chose de valable, et ceci sans jamais savoir si, après le dernier job, on aura la bonne fortune d'en avoir un autre (aussi acceptable) pour pouvoir alors payer les factures pour les mois suivants.

Ce serait donc le luxe, du jamais vu, d'avoir des sous qui tombent du ciel régulièrement pour que l'on puisse faire comme bon nous semble. De pouvoir travailler lorsque les idées et l'inspiration viennent, ou de pouvoir partir en voyages pour faire des nouvelles découvertes dans ce monde merveilleux. De pouvoir se consacrer entièrement sur les projets sans plus être tracassé par les mornes considérations financières, pourvu que l'on ait assez pour vivre. C'est une nouveauté extraordinaire.

Alors 'retraite', non. Il y a certains dont la vie ne changera que pour le meilleur, car ils seront enfin libres- dans les bornes des possibilités- de pouvoir continuer à évoluer sans ce casse tête financier. Ce sont les rats fortunés dont l'âme ne vieillit jamais. Ils ne sont donc jamais vraiment à la 'retraite'.

Comme les étudiants ils reçoivent une bourse pour pouvoir continuer leurs études jusqu'au bout, et préférablement, bien entendu, au lauréat suprême, céleste et d'autant magique.
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Text and Image © Mirino (PW) May, 2009