Le temps



Comme les aiguilles d'une montre, on revient constamment à ce point de départ, ou repère. Non pas encore comme un vieillard, quasi en obsédé, qui se borne à se répéter sans cesse, mais parce que c'est une énigme qui me fascine. Elle m'a toujours fascinée, ce qui a souvent été démontré à travers le temps, par les idées visuelles y consacrées.
Fasciné peut-être aussi parce que je n'ai pas trop de conception du temps. Il passe à côté, ou discrètement comme l'ombre d'un nuage.
C'est la relativité du temps qui est au coeur de cette fascination. La longévité d'un tilleul, rend la durée de la vie d'un être humain comme celle d'un éphémère. Ou par rapport avec le temps cosmologique, la longévité de cet arbre n'est que le temps d'un clin d'oeil.

C'est vrai qu'avec le temps justement, la mémoire commence à manifester quelques failles. Nos repères peuvent se réduire, par exemple, aux bons moments partagés par ce que l'on a mangé de si mémorable en certains endroits. 

Mais pour les artistes dont peut-être la plupart n'a pas trop de conception de temps, il y a autre chose de plus essentiel. Il y a le souvenir imprégné de la création de ce que l'on fait de valable. Il y a des périodes où inspirés, les artistes produisent des œuvres qui défient le temps. Et lorsque ils regardent ce qu'ils ont fait de bien à leurs yeux il y a un mois, trois ans, 35 ans, etc., le temps n'a aucun rapport ni importance. En regardant chaque œuvre à laquelle ils se sont investis et consacrés aussi bien que possible à ce moment là, ils se rappellent de presque tout, les sentiments, la concentration, la tension, l'angoisse, l'objectif, la lumière, etc., comme s'il s'agissait d'hier.

Avec le temps, en principe, on évolue. On apprend davantage. Un bon enseignant passionné par son sujet sinon par tout, ne se limiterait jamais à la connaissance pédagogique décrétée et limitée par le système de l'éducation nationale. Il ou elle serait constamment en train de découvrir et d'apprendre davantage, pour aller au delà d'eux-mêmes. C'est avec cette passion qui n'expire jamais avec l'âge non plus, qu'un bon enseignant inspire et encourage les enfants à s'ouvrir à la vie pour en être aussi inspirés et passionnés, tout au long de leur propre chemin d'existence.

C'est un chemin personnel, à travers le temps d'une vie. On n'a pas forcément besoin de regarder en arrière (regarder les réalisations d'hier, des créations personnelles faites dans leurs propres temps, des œuvres qui parlent et parleront toujours pour elle-mêmes, n'est pas regarder en arrière). Mais parfois de regarder le sillage de notre trajet nous montre encore à quel point rien n'est dû au hasard. C'est aussi cela qui détermine la beauté de la vie et de son trajet.

La beauté des femmes, j'en ai déjà fait allusion, mais il y a aussi une forte liaison avec le temps. Une femme belle dans tous les égards, reste belle quelque soit son âge. Car il y a cette essence de la vraie beauté, comme le parfum d'une belle rose qui reste imprégné comme l'âme de la fleur même, jusqu'au bout, sinon au delà..

Pour d'autres hélas, la vie n'est pas aussi passionnante, et le temps semble cruellement interminable. Il y a ceux qui pour des raisons de santé, de maladies incurables, veulent en finir malgré (et aussi à cause) de leur lucidité. Puis il y a d'autres cas peut-être même pire physiquement, qui eux continuent à s'investir dans leur passion à merveille. Comment ne peut-on pas en être stupéfié d'admiration par les Stephen Hawking de ce monde?
Puis on se demande comment aurait-il été, celui toujours capable de penser et de voir, qui voulait tant mourir, si il n'avait pas eu sa maladie? S'il était donc en bonne santé, aurait-il eu une vraie passion, une envie d'accomplir quelque chose de personnelle dans sa vie?
Malgré sa maladie et handicap énorme, Stephen Hawking se considère même fortuné (...). Car 'le progrès lent de sa maladie lui a permis de faire des découvertes scientifiques influentes, et ne l'a pas empêché d'avoir une famille très attirante'..

J'ai commencé à écrire ce petit soliloque avant de découvrir que Hawking avait justement écrit 'A Brief History of Time (Une histoire brève du temps). Selon lui, 'si on découvre une théorie complète, ce serait le triomphe ultime de la raison humaine, puisque nous devrions connaître l'esprit et la pensée de Dieu.'

En 2007, avant de prendre un vol zéro-gravité dans un 'Vomit Comet' pendant lequel il a expérimenté la sensation de l'apesanteur huit fois, ll disait:
'Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi je vais faire cette expérience. Je le fais pour plusieurs raisons. Premièrement je crois que la vie sur la Terre est en danger d'être éliminée par un désastre comme une guerre nucléaire, un virus produit génétiquement, ou d'autres dangers. Je pense que la race humaine n'a pas d'avenir sans aller dans l'espace. Ainsi je veux encourager le public de s'intéresser à l'espace.'

L'espace, et donc le temps.
On prétend que Noé eut vécu pour 950 ans. Il avait bien le temps de vivre, ainsi que d'apprécier le vin selon sa réputation. On a déjà fait allusion à lui. Mais la conviction tout à fait logique de Hawking, me rappelle de mes propres rêveries, comme le Cycle de Noé.

Par rapport à l'univers l'homme a peu de conception cosmique du temps. On est gouverné par notre propre système solaire et lunaire, comme par nos calendriers et nos horloges si insignifiants par rapport avec la chronologie cosmique.
Comme disait Hawking 'l'Univers est gouverné par les lois de la science. Ces lois auraient pu être décrétées par Dieu, mais Dieu n'intervient pas pour enfreindre les lois.'

Comme il n'existe aucune autre espèce de vie dans le monde obligée de développer son intelligence pour survivre, la théorie de l'évolution selon Darwin ne s'applique pas de manière très convaincante pour expliquer la présence sur terre de l'homme. Je suis tenté de croire donc que le Cycle de Noé soit même plausible comme explication.
Si pour survivre l'homme serait éventuellement obligé de fonder un autre monde, une autre civilisation ailleurs, qui pourrait affirmer avec certitude que ce serait la toute première fois? Après tout, finalement, et toujours, ce n'est qu'une question de temps.


 
Avec le temps
On parle un peu moins, peut-être,
On oublie, puis parfois on se rappelle.
On pense un peu plus, peut-être,
Bercés par le bateau
Qui flotte tant bien que mal,
Dirigé enfin
 Par les étoiles, selon les étoiles.
Nous prenons ce beau temps
De respirer
En regardant approcher doucement
Cet horizon voilé
Du pays d'origine.
Et derrière le bateau
Il ne reste que le sillage éphémère
Eclairé par les derniers rayons
Du soleil couchant.
Puis la mer devient floue
Et semble se calmer,
Comme un lac
Infini
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Text and illustration © Mirino (PW). Source Stephen Hawking- Wikipedia, with thanks. August, 2012

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