Guilt

















Le chat se couche sur le lit, les deux chiens (petits) par terre à côté. Certains diraient qu'ils devraient avoir leur coin privé, chacun sa propre place. Peut-être, mais les choses ont évoluées ainsi. Et il s'agit plutôt de circonstances et de limitations, et non pas nécessairement de la faiblesse de notre part.

Comme pendant la nuit ceux qui s'aiment font ce qui est tout à fait naturel, on est naïvement émerveillés par la passivité, voire l'acceptation désintéressée des animaux. C'est évident que pour eux c'est tout à fait dans l'ordre des choses, et il n'y a pas de quoi les étonner. Parfois involontairement on peut donner un petit coup de pied au chat, mais il ne daigne même pas se déplacer.

Il vient donc à l'esprit, (bêtement) que depuis Adam et Eve, ou plutôt Eve et Adam, l'être humain a gardé intact son petit complexe de culpabilité. Avec ceci, après l'acte d'amour, on regarde les animaux comme si nous attendions de voir des expressions de choc, de peur ou d'embarras, au lieu de les voir en train de dormir tranquillement, et on dirait même de manière rassurée, en paix totale dans une ambiance douce.

En effet imaginons que des animaux soient conditionnés, endoctrinés, dressés à tel point de mettre en question les lois essentielles de la nature. Imaginons qu'ils manifestent des sentiments puritains, bigots et dénaturés, des complexes de culpabilité à cause d'un degré de 'connaissance pommée' ou d'endoctrinement faux.

Un chien ainsi formé aurait bien du mal à se permettre d'assister à un tel 'spectacle' sans réagir. S'il avait la capacité physique, il irait dans la salle de bains pour remplir un seau d'eau froide pour le rapporter et vider le contenu sur les honteux coupables que l'on a eu bien raison d'expulser du Jardin d'Eden..

Voilà justement ce que nous faisons lorsque on est confronté à la vue des chiens en train de s'accoupler. Bien sûr on est responsable, et parfois il faut absolument veiller que les grands chiens ne s'accouplent pas avec les petites chiennes, mais la plupart de nous réagit quasi affolés, même devant deux chiens de la même taille, sinon de la même race. Beaucoup d'entre nous ne supportent pas l'accouplement 'non autorisé' de 'nos' animaux. Les bien pensants responsables ne peuvent que réagir, et parfois même sans trop réfléchir. Sur l'impulsion donc ils cherchent le seau d'eau froide. Tel est le monde civilisé.

C'est vrai que pour la reproduction humaine, Dieu ou la nature a épargné à l'homme les mêmes étapes nécessaires pour perpétuer la race des Canis lupus familiaris. C'est encore heureux pour l'homme que l'on ne lui ait pas imposé un tel embarras supplémentaire. 

D'ailleurs nous savons que les chiens sont particulièrement abhorrés et persécutés par d'autres 'cultures civilisés', ce qui fait penser aussi au film hilare Le cochon de Gaza, et la manière religieuse d'entretenir l'idée que le cochon est un animal 'impur'. Comme si c'était le devoir et le droit divin de l'homme de décider pour la postérité et le bien de la race humaine quels mammifères sont acceptables, nuisibles, pures et impures, etc. (D'ailleurs c'est bien possible que ce film attachant a pu contribuer à la paix entre les deux peuples concernés, de façon plus efficace que toutes leurs innombrable négociations qui ont eu lieu depuis bien plus qu'un demi-siècle).

Quant aux chats, ils sont bien évidemment plus discrets, donc sans doute plus 'propres' et acceptables dans l'égard de cette allusion essentielle. A condition que l'on ne les ait pas opérés non plus, on a simplement le 'devoir' de se débarrasser tant bien que mal des conséquences.

Dans notre monde il reste quand même toujours quelques vrais jardins d'Eden. Avec le passage du temps ils deviennent forcément plus petits, mais ils sont quand même toujours soumis aux lois de la nature. Ces lois ne sont-elles pas essentiellement celles de Dieu? Ne font-elles pas partie des lois universelles qui déterminent l'ordre planétaire du cosmos infini?

Mais bien évidemment ces jardins d'Eden ne sont pas immortels. D'ailleurs ils dépendent sur un équilibre délicat déterminé par les lois rigoureuses de la vie et de la mort, lois bien plus tranchantes que ne semblent être celles de la vie quotidienne de l'être humain. Bien que... malgré notre soi-disant 'supériorité et nos connaissances,' nous sommes aussi soumis à ces lois, forcément et inévitablement.

Aussi malgré notre aveuglement et notre bêtise, notre survie sur terre dépend sur la nature qui perpétue nos jardins édéniques, et sur l'autre paradis qui se trouvent toujours, tant bien que mal, dans nos océans. Elle dépend donc aussi sur l'admiration voire l'émerveillement et l'appréciation qui devraient déterminer le plus grand respect que l'on témoigne en sa faveur, malgré la distance que l'on se borne toujours a créer entre elle et nous.
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Text and image © Mirino. July, 2012

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