Courrier du soir

Lorsque je suis en Italie, comme c'est le cas en ce moment écrivant à la main ces premières lignes, (à Limone, grâce à la gentillesse de 'notre avocat préféré') j'ai l'habitude de lire le journal. Normalement je ne les lis jamais, mais en Italie, en vacances, j'achète le Corriere della Sera tous les jours. C'est aussi pour essayer d'améliorer mon italien.
(Je n'essaie pas trop de décoder les articles politiques italiens car ils me semblent souvent trop compliqués..).

Hier le 6 juillet, par exemple, on apprend que la police syrienne tire sur ceux qui osent filmer, même avec leur portable. Comment voulez vous qu'Assad fasse les réformes souhaitées, celles qui pourraient même un jour mener à la vraie démocratie syrienne, s'il y a de tels 'saboteurs' partout qui dépassent les bornes en filmant ce qui se passe pour que le monde sache l'abjecte vérité?..

Il y avait aussi un article sur les 'Black bloc' (-heads). Ceux qui manifestent sans rime ou raison contre le projet du TGV entre l'Italie et la France. Plutôt un prétexte pour faire valoir la violence. C'est vrai que les valeurs défendues pendent mai 68 semblent avoir été inversée. C'est bien la force de l'ordre européenne aujourd'hui qui défend la démocratie contre ceux qui veulent la détruire.

Lundi, 4 juillet il y avait un article écrit par BHL sur DSK.
On ne peut qu'être tout à fait d'accord avec il filosofo francese, mais avec une nuance de réservation. Nous connaissons bien les américains. DSK les connaît bien aussi. C'était lui le premier à savoir la gravité de sa situation. Il savait sans doute qu'il avait été piégé même avant de quitter l'hôtel pour essayer de prendre son avion au plus vite. Il savait aussi bien que tomber dans un tel piège aux Etats Unis risque d'être fatal pour lui. Bien avant BHL, il savait qu'il pourrait être victime d'un lynchage.

On peut faire des allusions aux méthodes robespierriennes, des comparaissons avec le cas Dreyfus. L'affaire serait forcément un classique, celui du combat entre les riches puissants et arrogants qui pensent pouvoir tout faire avec impunité, et ceux qui sont les pauvres, les opprimées, les abusées- et musulmanes par dessus le marché.
(Le fait que la victime présumée possède une demi-douzaine de portables, appartient à une organisation criminelle, et est en plus une menteuse, ne changent rien pour beaucoup de bien pensants, y compris son avocat).
Le scénario était déjà établi comme tel, trop beau pour être gâché par ces 'détails' imprévus. C'est vrai que tous les ingrédients y étaient. Il y en avait de quoi pour inspirer un Shakespeare de notre époque, et pour faire le film hit de l'année. La DSK affaire.

Mais BHL a omit de faire une allusion à l'essentiel, le plus évident. Ce qui est impardonnable pour une personnalité qui aurait pu être le meilleur choix parmi des candidats des présidentielles pour l'opposition française, n'est point l'accusation de viol en soit. Ce qui est inexcusable c'est tout simplement de se laisser faire ainsi piégé. Une personne qui se permet d'être prise aussi facilement dans un pays noté pour être loin de tendre avec de tels accusés de tels crimes, ne peut jamais prétendre avoir des qualités présidentielles.
Si certains membres de l'opposition française font semblant de croire le contraire, qu'une fois libéré il n'y a aucune raison pourquoi DSK ne peut toujours pas être candidat, ils sont aussi malhonnêtes qu'irresponsables.

D'ailleurs DSK sait pertinemment bien lui-même qu'une telle démanche de sa part après tout, serait indigne et grossière. Sur l'autre côté celui qui a fait un tel voyage aller-retour à l'enfer aurait pu avoir appris assez d'humilité pour devenir mieux en tous cas, qu'il n'avait jamais été auparavant.

Mais voilà que le lendemain après avoir écrit ces dernières lignes, je trouve un autre article du Corriere della Sera sur DSK (5 juillet). Car la jeune journaliste française, Tristane Banon dont la mère l'avait dissuadée de porter plainte contre DSK pour tentative de viol, (février 2003) a décidé quand même et après tout de procéder à l'attaquer. Son motif : elle ne peut pas supporter l'idée de voir DSK libéré et en train de manger avec des amis dans un restaurant de luxe...

Décidément la vérité a plusieurs facettes.
(En tous cas même libéré, c'est certain que DSK ne se présentera pas comme candidat pour les présidentielles de 2012. Il parait qu'il l'avait déjà confirmé à Martine Aubry le dimanche, 3 juillet).

Le 7 juillet- la saga de Rebekah Wade Brooks, ou comment on doit abandonner totalement le moral pour devenir reine de la nullité.  
La bellezza del mondo.
Mais au moins le scandale a eu un effet très déterminant. Le roi des tabloïds britanniques, News of the World a été decapité. C'est fini. (Corriere della Sera, vendredi 8 Juillet). Ce n'était pas trop tôt.
(Mais Stafford Sommerfield s'est trompé royalement. Roast beef and Yorkshire pudding ont toujours eu un meilleur goût, même cuit à l'anglaise, que News of the World ).
Rupert Murdoch n'est pas encore sorti de la... boue. Il risque de perdre des grands contrats de publicité. Il semble qu'il ait déjà perdu Renault.

Puis pour finir la semaine, Trichet, président de la BCE, a encore augmenté les taux d'intérêt. C'est peut-être bien pour l'Allemagne, c'est certainement bien pour les riches européens. Pas bien pour les moins riches, et un poids inutile de plus pour les pays européens déjà trop endettés. L'augmentation ne changera pas grand chose en ce qui concerne l'inflation, mais elle va peser négativement encore sur la bourse, et surtout sur les pays qui comptent sur leurs exportations hors de la zone euro, quand la monnaie unique était déjà surévaluée.  

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Text and image (a corner of Limone) © Mirino. Info- Corriere della Sera, with thanks. 
July, 2011