Petit portrait de Peillon



Sans bien connaître le personnage on ne peut pas prétendre être en mesure de faire un très bon portrait, ni même un croquis assez réussi, mais on a toujours quand même le droit d'exprimer une opinion. Et lorsque le nouveau ministre de l'Education Nationale française déclare qu'on devrait 'arracher' les enfants de l'influence de la famille, on est d'autant plus porté à vouloir en savoir davantage pour ainsi l'exprimer.

Issu de parents intéressants, sa mère directrice de recherche et spécialiste en physiopathologie de l'hypophyse de la prolactine, son père banquier et communiste, ce qui semble déjà assez paradoxal.
Après une histoire d'agression pendant ses études de philosophie à la Sorbonne, il part quasi à l'aventure travaillant pour la Compagnie des wagons-lits entre Paris et Copenhague important parfois, et sans autorisation nécessairement, le saumon fumé. Ceci l'amène à établir une agence de ventes et de distribution avec le slogan 'du saumon norvégien pour tous' (mais cette société vendait le saumon fumé surtout aux entreprises). Peut-être un autre paradoxe?

Il reprend ses études pour obtenir le certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré en philosophie, et est nommé professeur stagiaire en 1984 au lycée Edouard Herriot à Lyon. Affecté à la rentrée de 1985 au lycée Pierre de Coubertin à Calais.
Après une deuxième tentative il se qualifie en tant que professeur agrégé en philosophie. C'est Pierre Moscovici qui le remarque en lui permettant par la suite d'entrer en politique en tant que socialiste. D'ailleurs la spécialité de Monsieur Peillon est le socialisme pré-marxiste.
(Si ce petit sketch n'est pas à peu près correct, ce serait la faute de la source). 

Pour les connaissances de Monsieur Peillon en l'histoire et au regard des idéologies et des philosophies des autres, il mérite bien évidemment l'estime de son entourage, mais souvent ceux qui se consacrent à l'étude des idées des autres, ne trouvent pas toujours le temps, ou n'ont pas toujours l'inclination (sinon la capacité) de développer leurs propres idées, du moins sans l'influence de ceux dont les idées les inspirent.

Ceci semble évident par des éléments qui émanent de son livre- 'La Révolution française n'est pas morte.' Prenons, par exemple ceci :
'La République est porteuse d'une profonde ambition spirituelle qui consiste à rêver d'une religion nouvelle parfois fusionnée avec la philosophie. L'erreur du libéralisme tel qu'il est conçu par les Anglo-Saxons (?) vient d'une conception de l'individu ramené exclusivement à ses propriétés et à son égotisme. Le républicanisme véritable, donc solidaire, qui serait également un libéralisme bien compris, entend l'individu non comme un atome mais comme une 'personne'. (?) C'est un sujet n'existant comme tel que parce qu'il est constitué par une collectivité sans laquelle il n'est rien. (?) En effet, le libéralisme dévoyé, en se cristallisant de façon obsessionnelle (?) sur la réduction de l'Etat, loin de contribuer à l'émancipation des individus, la freine. (?) Car il livre l'homme sans secours à ses faiblesses, sa famille et ses traditions, et empêche le développement d'une instance impersonnelle - l'Etat- seule susceptible de l'en affranchir. (?) La République fondée sur la liberté n'a pas de plus grand ennemi que le déterminisme, de nature religieuse ou scientifique.' (?)
(Les points d'interrogation entre parenthèses, bien entendu, sont les miens).

Dans une entrevue (Le Nouvel Observateur, 28/08/2008) une des réponse de Vincent Peillon contient ce passage aussi curieux que révélateur :  '(...) A l'inverse, je soutiens que le régime d'historicité, d'idéalité, d'organisation du théologico-politique, d'articulation liberté-égalité, ouvert par la Révolution comme avènement, comme matrice de sens, se continue. Vous dites qu'il n'y a plus de contre-révolutionnaires: je soutiens que cette thèses est déjà une thèse contre-révolutionnaire ! Dire qu'il n'y a plus de réactionnaires, de conservateurs, de rétrogrades, c'est déjà céder à leurs sirènes ! Je soutiens que l'idéologie aujourd'hui dominante est contre-révolutionnaire en partie, et que c'est là que se joue la bataille idéologique, en particulier sur l'idée que la demande d'égalité contrarie l'émancipation individuelle. (...)'

Ce que l'on pourrait ressentir de ses passages est de l'incohérence, un manque de clarté et de logique.
Avec Monsieur Peillon il semble y avoir un décalage entre l'idéologie et les idées qui appartiennent forcément à leur époque, et la réalité d'aujourd'hui. L'idéologie même de la Révolution Française fut fondée sur des idées utopiques, contradictoires, ou en tous cas intenables.

Victor Hugo (1802-1885) était un républicain convaincu bien qu'il eût été un royaliste très engagé dans sa jeunesse. Mais Hugo fut aussi un réaliste. (Il savait ce que pouvait faire, comme dégâts, un canon mal arrimé à bord d'un bateau, 'sorti de son logis,' par exemple). Hugo était devenu républicain mais en tant que réaliste il voyait bien mieux que Monsieur Peillon, et pour cause, les résultats de la Révolution Française.
Hugo disait : 'L'homme fort dit, je suis. Et il a raison. L'homme médiocre dit également, je suis. Et lui aussi a raison. Il suit.'
'L'éducation c'est la famille qui la donne. L'instruction c'est l'Etat qui la doit.'
'La liberté commence où l'ignorance finit.'
'N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe'. (...)


Et Honoré de Balzac (1799 -1850) disait lui aussi : 'La Famille sera toujours la base des sociétés'.

Parmi d'autres idées 'révolutionnaires' y compris ce qui est ressentie comme un mépris de la famille, Vincent Peillon semble vouloir continuer à croire dans l'égalité, comme si l'histoire (sans considérer la nature) n'a jamais pu nous démontrer que même avec une volonté determinée, on ne peut jamais l'obtenir. D'ailleurs l'expérience a déjà démontré clairement que tout effort pour l'obtenir ne conduit qu'à une triste médiocrité.

Par contre la pratique de la philosophie de l'économiste Adam Smith (1723 - 1790) a déjà maintes fois été prouvée autant exacte que positive- que le niveau de vie d'une société est porté vers le haut par la volonté individuelle de réussir. Nous revenons forcément à la concurrence, car c'est elle qui détermine notre niveau de vie ainsi que le progrès de l'humanité, et même la survie de la race humaine. Forcément c'est partie intégrale de la nature humaine.
'Individual ambition serves the common good.'  ou- 'It is not from the benevolence of the butcher, the brewer, or the baker that we expect our dinner, but from their regard to their own self-interest. We address ourselves not to their humanity but to their self-estime, and never talk to them of our own necessities, but of their advantages.'  
'An inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations', Vol. 1.
Puis :
'It is the highest impertinence and presumption… in kings and ministers, to pretend to watch over the economy of private people, and to restrain their expense... They are themselves always, and without any exception, the greatest spendthrifts in the society. Let them look well after their own expense, and they may safely trust private people with theirs. If their own extravagance does not ruin the State, that of their subjects never will.'  'The Wealth of Nations', Book II.

Et Nietzsche- 'Les convictions sont des prisons.' (Car les idéologies ne sont-elles pas établies et donc fixées à partir du moment où l'idéologue s'arrête de penser?)

Ne semble-t-il pas que Vincent Peillon, dans son élan de réscuciter à nouveau la raison d'être du socialisme en voulant retrouver certaines racines qui lui semblent valables dans la boue sanglante de la Révolution Française, et en exultant même l'égalitarisme, ne se soit quand même pas un peu égaré? On ne peut pas faire comme si la nature humaine n'existe pas, ou est conditionnable, sans étamer sur la liberté, elle-même.

On a déjà fait l'expérience en imposant l'égalité scolaire, et la situation économique actuelle ne permet pas qu'on la refasse. L'égalité est un mythe contre-nature. Il ne faut pas la confondre avec l'égalité des opportunités ou l'égalité judiciaire. L'Education Nationale a l'obligation primordiale d'offrir autant que ses capacités le permettent, la même opportunité à chaque élève de briller autant qu'il en est capable pour son propre bien ainsi que celui de l'avenir, mais elle n'a point le droit d'ôter cette opportunité aux uns, pour pouvoir permettre en théorie aux autres d'arriver au même niveau de connaissance des premiers, pour la cause mensongère, myope et illusoire d'égalité.

C'est aussi intéressant que Monsieur Peillon ne semble pas faire mention de Napoléon, comme si Bonaparte n'avait jamais figuré dans l'histoire. Mais si la Révolution Française avait décapité un monstre, pour le substituer aussitôt par un autre, peut-être même pire, c'est grâce à Napoléon que la France se fut rapidement réconciliée. C'est grâce aussi à lui que les institutions françaises furent établies pour le bénéfice des générations futures, (dont les étudiants en philosophie) et c'est aussi grâce à lui que l'Europe fut née, même si c'est probable qu'il n'en eût rien su.

Si Monsieur Peillon s'obstine à rester dans le dix-huitième siècle pour que l'égalité soit un critère de l'Education Nationale Française, le résultat sera voué à l'échec. Ainsi ce serait une trahison de sa part en tant que responsable. Seule la médiocrité en sera le résultat, et 40 à 60 mille nouveaux enseignants (raw recruits) ne changeront strictement rien, à part de rendre la situation économique française bien pire qu'elle n'est à l'heure actuelle.

La réalité de la concurrence Européenne et internationale ne permette plus d'extravagances expérimentales idéologiques de l'éducation. Elle exige les meilleurs résultats possibles. Malheureusement la réalité, aussi assujettie à la nature, nous dicte que malgré toutes les bonnes intentions, sinon les convictions figées de tels idéologues, nous ne sommes pas tous capables de briller. Et ainsi va le monde depuis que Adam ait mordu dans la pomme défendue et fatidique de la connaissance. 
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Text and image © Mirino (PW) Sources include Wikipedia, with thanks. September, 2012

1 comment:

Mirino said...

On apprend ce matin (22/02/2013) par LTC tv que le gouvernement projette de rendre obligatoire la scolarisation des moins de trois ans... S'agit-il d'une mauvaise plaisanterie?

Sans considérer le manque de certitude concernant les conséquences psychologiques des enfants adoptés par des homosexuels, (surtout mâles) maintenant en France on veut établir cette loi insensée, perverse et inhumaine concernant les tout petits.

On enseignerait quoi au juste aux moins de trois ans? Les principes fondamentaux du socialisme et de syndicalisme?

Ne fait-il pas partie du programme des 'arracheurs des enfants des familles,' pour faire allusion à l'expression délicate et diplomate de Monsieur Peillon, ministre de l'Education Nationale?