Tournant Tunisien


Si le peuple a toujours raison, où est le problème? Même s'il n'y avait aucun chef d'Etat au monde qui auparavant aurait pensé à traiter Zine el-Abidine Ben Ali de 'dictateur' ou de 'tyran', le peuple doit savoir ce qu'il fait, non?
Si Obama est le premier à féliciter les tunisiens pour leur courage, ce doit être même quasi certain..

Pourtant... On peut toujours observer le déroulement des événements, puis les festivités, puis les contre-réactions violentes, avec un œil plus pensif qu'enthousiaste.

C'est vrai que Ben Ali, président de la République tunisienne depuis 1987, n'a pas respecté les règles de la démocratie, mais l'enjeu, la montée de l'intégrisme entre autres, même à cette époque, était aussi un facteur déterminant.

Si les médias étrangers souvent dénonçaient sa politique à l'égard des droits de l'homme, la répression de ses opposants, et les atteintes à la liberté de la presse, il avait par contre réussi à hisser l'économie de la Tunisie à un nouveau parmi les meilleurs d'Afrique. Il a permis le développement des associations comme la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Il avait assuré un pacte national pour rassembler les diverses formations politiques du pays (sauf celles des islamistes). Il s'est aussi engagé pour que l'égalité entre les deux sexes des citoyens soit respectée, et qu'il n' y aurait pas une liaison entre Islam et la politique.

D'ailleurs dans les années 90 les islamistes manifestaient violemment contre les forces de l'ordre créant des problèmes graves sociaux et même de terreur. (Ils ont attachés deux gardiens de nuit dans un bâtiment public à Tunis avant d'y mettre le feu. Les gardiens ont été horriblement brûlés, l'un d'eux en est mort). On s'est aussi rendu compte alors que l'armée, la garde nationale et la police tunisiennes ont été infiltrées largement par des islamistes.

L'épouse de Ben Ali, Leïla Trabelsi, malgré certaines distinctions pour ses initiatives sociales, culturelles et humaines, est encore moins populaire que son mari. Elle est accusée d'avoir utilisé sa position pour déléguer aux membres de sa famille un dégré important de contrôle dans certains secteurs de l'économie tunisienne.
Dans le climat social actuel, une telle accusation ne peut qu'inciter davantage de haine. Voilà tous les ingrédients pour condamner, des plus hauts minarets, la corruption et 'l'occidentalisation' des dirigeants..

Pourquoi tant de brutalité des 'forces de l'ordre' tunisiennes? Si Ben Ali en était responsable, s'il avait un tel pouvoir à sa disposition, un tel bras de fer tyrannique pour opprimer son peuple, pourquoi alors il se croyait obligé de fuir le pays aussi vite?
(Aujourd'hui, Dimanche 16 janvier, le drame continue. Un photographe français de 32 ans a été tué).

A une période où l'Europe commence à se sentir un peu plus cernée par la radicalisation islamique, et davantage d'Afrique du Nord bouillonne de ce phénomène quasi incontrôlable, ce qui se passe actuellement en Tunisie pourrait être considéré comme préoccupant.

Si la Tunisie vient d'ouvrir la porte à la radicalisme islamique?

Mais le peuple doit savoir ce qu'il fait. Le peuple a toujours raison, non?
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Text by Mirino. Source Wikipedia, photo- AFP, with grateful thanks. January, 2011

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