Massoud (1997)

Massoud was assassinated by two Morrocan suicide bombers posing as journalists the 9th September, 2001, two days before the Twin Towers were hit. Amongst those close to him, Dr. Abdullah Abdullah decided that his death should remain temporarily secret, as the Taliban would otherwise take advantage of the terrible loss and sadness felt by the Afghanis of Panjshir. For Massoud had been the only existing, real hope of defence against the Taliban. His death was announced to the world on the 15th September.

Sediqua Massoud wrote 'Pour l'amour de Massoud' in 2004. Christophe de Ponfilly wrote 'Massoud l'Afghan' between 1997 and 98.
Sediqua relied on records and the information her husband had confided to her during their life together.

Christophe de Ponfilly, film producer and journalist, relied on his own observations and the information he received whilst he was in Afghanistan filming Massoud. He filmed and recorded what he saw and heard towards the end of the Afghan-Soviet war, and also later when he returned to Afghanistan in 1997 when Commander Massoud was preparing to retake Kabul from the control of the Taliban.

What is apparent in Sediqua's tribute to Massoud and her account of the events, is that she never seemed to have been informed of the sinister web of intrigues and plots, including that of the West (the CIA) especially regarding the interference of Pakistan and its secret service (ISI) in Afghanistan. Or had she been, perhaps she then felt it would be wiser not to allude to it.

It seems that Pakistan even persuaded the Americans that 'Massoud was dangerous'. Perhaps the USA was content to accept this for motives which the US government then erroneously considered as 'national interests'. This then would have little to do with the freedom of Afghanistan, for which Massoud, his Moudjahidin and others had been fighting most of their lives.
Perhaps it could also be a reason why representatives of the American press, first seemingly willing to come to Afghanistan to interview Massoud, finally cancelled their arrangements pretexting that it was because Massoud didn't speak English!
(Hekmatyar, the extremist, was undoubtedly more acceptable for the American Department of State, because he spoke English. For the US, this would then seem to be a confirmation of intelligence..)

After the withdrawal of the Soviets, up until the Taliban finally took control, there was increasing disorganisation leading to civil war. Each Afghan faction or ethnic had its own foreign backer and financier who incited division. Russia still had its hand in, Iran too, and Saudi-Arabia. (The latter helped Sayaf who massacred the Hazara Shiites). The worst igniter of dissension was Hekmatyar, the pawn of the Pakistanis blindly financed by the Americans. The USA seemed oblivious to the destruction of Kabul directly caused by him and his henchmen.

In both books one is left amazed by the ignorance of the West, and the lack of help which should then have been given to Massoud. Christophe de Ponfilly however, also convincingly suggests why this was the case. For not only the West avoided helping Massoud against the Taliban, evidence indicates that it was then actively working against him and his Moudjahidin.


When I contacted Arte to obtain permission to cite passages from Christophe de Ponfilly's book, they informed me that he died in 2006. He was 55 years old. They wrote that he was an exceptional person, a man totally committed, in his life as well as in his profession. This, one already fully appreciates. I was shocked to learn of his death, because after reading his book, his full engagement not only in following the events of the war, but in trying to capture on film and present the real Massoud, the great, dedicated, much loved and respected man and brilliant tactician whom Christophe so admired, one also gets to know the writer and film producer. One shares his frustration, his exasperation, his anger and his incomprehension caused by the ignorance, short-sightedness, corruption, greed and hypocrisy of even those who pretend to represent freedom and democracy in our mad world. Let this then also be a modest dedication to Christophe de Ponfilly, and to all such rare examples of heroes who like Massoud, fight on until the end, for what they believe in, for freedom, truth and justice. And let what they lived for and fought for, finally be realised. 
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Naturally it would be preferable to quote directly from Christophe de Ponfilly's book. Those who are unfamiliar with French can easily obtain translations if the subject interests them. The numbers refer to the pages of the book. 
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45.  'Je me souviens avoir pensé ne plus jamais y revenir... mais je n'ai pu me résoudre à apprendre dans les journaux l'encerclement de Massoud par les talibans. J'ai foi en cet homme depuis si longtemps, ce n'est pas pour l'abandonner au moment où on le dit fini. Il me semble qu'avec lui, l'Histoire n'a pas encore dit son dernier mot. Il existe si peu d'hommes de cette dimension sur notre grande planète'.

56.  'Quanouny (un fidèle à Massoud n.d.e) fait part de son incomprehénsion face à la politique américaine en ce qui concerne l'Afghanistan.
-'Pendant les années, nous avons lutté contre le fondamentalisme iranien, et personne, en Occidente, ne nous a soutenus ni remerciés. les Américains ne s'adressent jamais aux Afgans mais aux Pakistanais. Ca suffit!'

78. 'On ne peut pas dire que le problème afghan n'a pas été expliqué. Mais jamais les autorités françaises n'ont pris le dossier afghan très au sérieux. (...) La France est restée absente, ou si peu active. Elle n'a pas eu le courage, pas l'audace de s'enflammer pour éviter que ce pays ne sombre dans l'enfer du terrorisme islamique...'

83. 'Pendant des années, le Pakistan et les Etats-Unis se sont servis de nous comme des pions contre les Soviétiques. Aujourd'hui, alors que l'URSS a volé en éclats, ils veulent mettre sa main sur l'Afghanistan. Mais tant qu'il y aura un Afghan dans le berceau, ils n'y parviendront pas. Maintenant, on a des centaines de prisonniers pakistanais. Qu'est-ce qu'ils foutent en Afghanistan?'

86. 'Lorsque ce n'est pas Massoud qui débrouille un problème avec les uns et les autres dans les différentes provinces d'Afghanistan, c'est le Docteur Abdullah, (Abdullah Abdullah, candidat d'opposition de Karzaï, n.d.e.) son bras droit, qui règle les affaires courantes...'

95. 'Massoud a toujours répugné au terrorisme et n'a jamais su se faire correctement représenter à l'étranger. De fait, il n'est pas suffisamment connu sur la scène internationale. Mais la chance est avec lui. Plusieurs fois, des tueurs ont été engagés pour l'assassiner. Jamais ils n'y sont parvenus. Pourtant il est peu et même rarement gardé. (...).'

97. 'La première nouvelle arrivée fut la chute de Mazar, de la manière la plus tragique puisque milliers de combattants talibans étaient éntrés dans la ville, que les Pakistanais les ravitaillaient en matériel lourd avec leurs porteurs aériens qui se posaient directement sur la piste de l'aérodrome de la ville. (...)'.

119. 'C'est aussi dans cette ville que vit en toute impunité le Saoudien Oussama ben Laden, recherché par les Américains comme dangereux terroriste, "le plus grande financier des poseurs de bombes", dit-on, mais qui était là bien avant pour faire la guerre contre les Russes... Etrange pays où on pactise avec l'ennemie, avec le traître. Les Américaines sont, pour moi, incompréhensibles. (...).'

147/148. 'Les Pakistanais vaincus et l'ISI pensent encore qu'avec une autre opération ils viendront à bout de notre résistance (...).
Si on se content de lancer des opérations et qu'on abandonne l'organisation, à long terme on ne pourra pas tenir. A l'envers, s'occuper de l'organisation sans lancer d'opérations serait une erreur. (...).' (discours de Massoud n.d.e)

150. 'la Grande décision d'aller à Kaboul vient donc d'être prise. Je sais que ces images (filmées, n.d.e) auront, pour L'Afghanistan, plus tard, si les taliban perdent, une véritable valeur historique. (...)'

158. 'Les cadres de la société afghane ayant échappé au massacre sont nombreux à avoir émigré. (...) Massoud s'était plaint du manque de cadres intermédiaires. Le courage est une force, mais il est difficile de mener une guerre longue avec 80% d'illettrés! Comment construire une nation sans aide extérieure?'

159. 'En trois années, sous les yeux des Soviétiques qui n'y pouvaient rien, Massoud avait réalisé son plan d'un "Conseil du Nord", coordination militaire et politique de neuf provinces du nord-est de l'Afghanistan.'

171. 'Hekmatyar! Je me souviens avoir filmé cet assassin. J'aurais préféré tenir une kalachnikov plutôt qu'un caméra... Il avait tué de mes amis. Je l'aurais tué sans état d'âme. (...)'

179. 'Entre les partis, avait-il révélé (Massoud n.d.e) cela a vite tourné au chacun pour soi. Les tentatives pour élaborer une plate-forme commune ont toutes échoué, faute de volonté des leaders. Devant la rapidité de la dégradation, j'ai démissionné de mon poste de ministre de la Défense, mais je suis resté pour défendre Kaboul menacée de toutes parts.

180. 'Tous cherchaient le pouvoir, mettant en avant des revendications ethniques ou agissant pour le compte de puissances étrangères s'ingérants dans les affaires afghanes. Dostom, c'était l'URSS puis l'Ouzbékistan. Le Wahdat, c'était les Hazaras soutenus par les Iraniens. Sayyaf, l'homme des Saoudiens... Le pire a été Hekmatyar, soutenu par les Pakistanais et par les Américains.' (Explications de Massoud n.d.e).

181/182. '-Pourquoi le Pakistan nourrit-il une telle hostilité à votre égard?
 '-Je leur semble trop indépendant. Les Pakistanais savent que jamais ils ne pourront me dicter ma conduite. Mais tous les contacts ne sont pas rompus. Il y a une semaine, nous avons rencontré une délégation pakistanaise. Ils voulaient que je fasse libérer Mollah Ghauss, le ministre des Affaires étrangères des talibans, qui a été capturé dans l'opération de Mazar, actuellement détenu par le géneral Malek. Nous avons refusé et leur demandé des comptes sur leur soutien aux talibans. Dans leur délégation, se trouvait un représentant des services secrets de armée Pakistanaise, l'ISI. Celui-ci nous a juré sur le Coran que le Pakistan ne se mêlait pas des affaires afghanes!'

183. 'Lorsque nous lui avions demandé de nous parler du rôle joué en Afghanistan par les Américains, voilà ce que Massoud avait répond :
Chacun sait qu'ils soutiennent les talibans. J'avais reçu Mme. Raphael lorsqu'elle était en charge du dossier afghan au Département d'Etat. Elle semblait sincèrement convaincue que le mouvement taleb était bon pour les Afghans, ce qui dit long sur l'ignorance des Américains sur notre pays. En réalité, depuis 1979, les Etats Unis ont sous-traité la question afghane aux Pakistanais et, plus précisément, aux services secrets de l'ISI. C'est l'ISI qui a intoxiqué le gouvernement d'Islamabad sur la marche à suivre à notre égard (...)
Depuis, Hekmatyar ayant échoué dans sa prise de pouvoir, l'ISI a réussi à convaincre les Américains d'une victoire possible des talibans, et de la possibilité, pour ce groupe extrémiste pachtoun, de gouverner durablement en Afghanistan! J'attends des Etats Unis qu'ils prennent conscience de leurs erreurs et adoptent une vision plus juste des réalités de notre pays. Car les talibans représentent une conception arriérée de l'Islam- celle des paysans et des nomades du Sud- qui n'a rien à voir avec celle de la majorité des Afghans. Ceux-ci sont très croyants. Ils n'ont nul besoin des leçons de jeunes fanatiques qui interdisent tout et fouettent les femmes. Nous pensons d'ailleurs que l'interdiction qu'ils font aux femmes d'aller à l'école, à l'université et d'exercer des responsabilités dans la société n'a aucun fondement religieux. Ce qui est encore plus grave, c'est de constater que le discours des talibans sur l'islam laisse de plus en plus de place à un discours ethnique. Maintenant on ne parle plus de Coran et de paix, mais de lutte des Pachtouns contre les autres ethnies. (...)'

196. -'Ici, chez Massoud, ce n'est pas la drogue qui finance la guerre!' souligne Bertrand.
Il en sait quelque chose. Du temps où il était député PS de L'Eure-et-Loir, il a dirigé une commission antidrogue à l'Assemblée. Selon des documents, auxquels il avait légitimement accès, notamment quelques enquêtes américaines de la DEA, il était clairement démontré que la plupart des zones de production de la drogue se trouvent dans les régions sous contrôle taleb, ex-régione de Hekmatyar, comme par hasard! (...)'.

211.-'Nous ne comprendrons jamais le jeu des Américains', soupire, comme un refrain, le Commandant qui regarde les étoiles avec nous. les Américains sous-traitent l'Afghanistan par le biais des services secrets pakistanais. (...)'
'D'un côté, en public, ils appellent à la paix et demandent la fin des ingérences étrangères, de l'autre, en secret, leurs agents forment les militaires pakistanais qui encadrent les talibans.
Selon lui, il existerait près de Quetta, au Pakistan, un camp d'entraînement taleb encadré par des mercenaires "privés" vétérans de l'armée américaine. (...).'

217.- '(...) Il sort de son veston des papiers saoudiens saisis sur des cadavres des talibans morts au combat. (...). Contre qui et au nom de quoi croyaient combattre ces malheureux, morts dans la poussière, si loin de chez eux? Tout cela avec la bénédiction des ambassades américains de Riyad ou d'Islamabad. Ne parlons pas des comploteurs de l'ISI ou de la CIA. Tout cela serait risible s'il n'y avait pas autant de morts, si jeunes. (...)'

226.- 'Une de leur méthodes, efficace, (des talibans, pour récupérer des armes des afghans n.d.e) consistait à kidnapper les enfants et à ne les rendre qu'en échange de Kalachnikov. Ce qui scandalise dans un pays où l'enfant est sacré. Il semble qu'aujourd'hui seuls les non-Pachtouns restent désarmés. (...)'.

228.- 'L'Afghanistan est un pays magnifique, mélangé de crasse et de sublime. Les Afghans ne comprennent pas pourquoi, après les Russes, les Américains s'acharnent sur eux. Mais ils sont toujours prêts à défendre leur liberté. (...).'

224.- 'Massoud est imbattable : il met des semaines à préparer une offensive, à disposer les hommes presque un par un. Chaque unité de base, près de trente soldats, connaît très précisément son objectif. Multipliée par cinquante ou cent, cela donne une armée motivée d'une extraordinaire précision.'

230. 'Lorsque Massoud est entré dans Kaboul, en avril 1992, il fallait l'aider, l'assister, batailler pour faire comprendre aux spécialistes de la CIA que le pion Hekmatyar n'allait faire que semer la tempête. Est-ce les mêmes 'spécialistes' qui ont servi sur un plateau la révolution iranienne? J'ai le vertige. Nous vivons dans un monde d'une complexité extrême où les cinglés se retrouvent à des postes sensibles...'
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This then was the situation in 1997. In July of that year Commander Massoud had succeeded in routing the Taliban from Charikar and was set to continue to liberate Kabul. His Moudjahidin advanced until they were only 20 kms from the city. They were then all fully motivated- 'Kabul, Kabul'! But no matter how much Massoud wanted to realise this, and was perfectly aware of how feasible it was, he also knew that there was no chance of establishing a representative, unified and effective government at that time. He knew, also for the sake of Afghanistan, that he had to abandon the idea and withdraw his forces. The Lion then had no other option but to return to his Panjshir valley.

Needless to add, had Massoud received the help he needed and merited at the right time, history would have been different. The sequence of terrible, tragic and unforgettable events that were to follow, four years later, leading to the present, inextricable situation in Afghanistan, might never have occurred. But that, of course, is another story.
                                               
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Passages from Christophe de Ponfilly's 'Massoud l'Alghan' with grateful thanks to Éditions du Félin et Arte Éditions, © 1998. Photo of Massoud with Christophe de Ponfilly. Top Illustration based on a film frame chosen by Christophe de Ponfilly of 'Massoud reading a poem' from the same book. Texte (in English) and image © Mirino (PW) July, 2010
 

1 comment:

Mirino said...

In a mad world where the freedom of others is apparently less important than our own, perhaps you are right about God's mill. As long as one lives long enough to be able to taste the bread..