L'imprévisible



Le songe d'un paradis immortel est le rêve d'un fou. Comment le paradis, même spirituel, peut-il être stérile? Comment la beauté paradisiaque peut-elle ne pas être mortelle, imparfaite et fabuleusement diverse? Comment la vie ne peut-elle pas y être constamment régénérée afin d'évoluer naturellement? Comment les imperfections ou les intentions de la nature peuvent elles en être exclues ?

Car une partie de la beauté de la vie est qu'elle est imprévisible. Le futur correspond rarement à nos attentes. Ceci particulièrement concernant nos enfants.
Il est naturel de s'identifier à eux, certainement au début, mais il est bientôt évident qu'ils sont déjà des individus, même si dans eux on reconnaît certains traits de son propre caractère.

Leur développement est fascinant. Observant leur évolution, les encourageant à s'envoler, à se soulever encore vers le haut après être rudement descendus par leur premier goût de la dure réalité.

A cet égard nous étions fortunés. Nous n'étions jamais restreints. Et nos parents n'ont jamais essayé de trop nous influencer. Généreusement ils nous ont laissé partir trouver nos propres voies, et peut-être aussi pour cette raison, nous sommes tous différents. Nos chemins, bien qu'ils se croisent de temps en temps, nous ont faits comme nous sommes. Pourtant ensemble, nous sommes toujours comme nous étions pendant notre jeunesse. Ce nœud précieux de famille, les doux souvenirs que nous partageons, qui nous font sourire et rire ensemble tout au cours des années de notre vie, souvenirs épargnés par le temps.

Aujourd'hui de tels privilèges semblent être de plus en plus rares. Les traumas provoqués par les familles divisées sont souvent difficile à réparer, et on est involontairement préoccupé par une volonté de combler une perte fondamentale. Au lieu d'un mari ou d'une femme, inconsciemment on cherche à substituer la mère ou le père manquant ou négligent. Et le moule est ainsi établi pour la prochaine génération, car une telle histoire de famille a une tendance à se répéter, au moins jusqu'à ce que la chaîne en est finalement, résolument cassée.

Ainsi l'histoire est déterminée. Maximilien Robespierre, par exemple, fut conçu hors du mariage. Son père arrangea un mariage précipité au quel son propre père refusa d'assister. Sa mère mourra en accouchant en 1764 quand Maximilien n'avait que six ans. Laissant ses quatre enfants au soin de leurs tantes et de leur grand-père maternel, son père quitta sa ville natale d'Arras, et termina sa vie à Munich, Bavière où il mourra en 1777.

  Alors Robespierre ne put pas avoir tiré un grand bénéfice de ses années de jeunesse, et ce n'est pas déraisonné de croire que ceci eût une influence profonde sur sa vie. Peut-être dans son esprit la Révolution représentait lui-même, et une expression de refus du passé. Peut-être dans une certaine mesure il voyait la République, fondée en 1792, comme substitution parentale pour tous les citoyens français. On a recommencé l'histoire avec le calendrier républicain. Les ancêtres, les parents, auraient appartenu donc à 'la préhistoire'.
Pour lui 'Nous' était le peuple français, et surtout lui-même.

Il est donc raisonnable de croire qu'il y a une liaison entre les inclinations politiques et la vie d'enfance. La substitution de la responsabilité parentale par 'l'Etat' semble être la plus classique. Ceux qui auraient pu avoir manqué d'amour et de sécurité parentale, seraient plus inclinés à adopter l'idée de la protection étatique.

Relativement récemment une politicienne française a assumé le rôle parental en fournissant des moyens contraceptifs aux mineures des écoles dans sa région de Poitou-Charentes, sans prendre la peine d'obtenir l'autorisation parentale.
Comme à l'âge de 19 ans elle a poursuivi son père pour avoir refusé de divorcer de sa mère et de payer ainsi la pension alimentaire et le support des huit enfants; et comme elle (après avoir obtenu gain du cause) avec cinq de ses sœurs refusaient de voir leur père qui était alors en train de mourir du cancer, son enfance n'a pas pu être ni particulièrement sûre ni heureuse.
Pour elle aussi, 'Nous' est le peuple français, et surtout elle-même.

Il y a sûrement beaucoup d'autres exemples pour soutenir une telle théorie. Peut-être même le Président des Etats Unis pourrait en être inclus.

Malheureusement l'idée utopique d'être trop pris en main par l'Etat peut créer un cercle vicieux en encourageant ou en conditionnant les parents, qui devraient savoir mieux, de ne pas assumer pleinement leurs responsabilités parentales.

Quoiqu'il en soit, les parents établissent la 'norme' pour leurs enfants, et c'est évidemment une responsabilité primordiale.
Dans le meilleur des cas donc, la 'norme' devrait être aussi normale que possible, mais une partie de la beauté de la vie est qu'elle est imprévisible. Le futur correspond rarement à nos attentes.  Forcément ceci doit inclure ce qui est anormal, aussi bien que ce qui est normal. Et ainsi continue à tourner le beau monde.
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Text and heading photo © Mirino (PW) March, 2010 (World image thanks to NASA)

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