La Gioconda



















La Gioconda. L'icône éternelle. Un portrait qui est plus un repère monumental dans l'histoire de la civilisation, qu'un portrait de qui que ce soit.
On l'a déjà affirmé, il me semble que ce chef-d'œuvre soit l'âme de Leonardo même, donc en somme un auto-portrait de son âme. Et peut-être Freud avait raison de croire que le visage calme et serein, qui semble aussi partager subtilement des réminiscences avec son créateur, avait un rapport maternel avec Leonardo da Vinci. 'L'excessive tendresse de la mère' délicatement réveillée dans les souvenirs de son enfance. Ce sourire fameux de la Monna Lisa fait partie intégrale de l'œuvre entière et de son secret éternel.

Les autres interprétations freudiennes, comme l'allusion à l'homosexualité de Leonardo, fondée sur une reconstruction de la Gioconda travestie, habillée et coiffée comme un jeune garçon, sont bien moins crédibles. Dans les années '20, il y avait toujours le dadaïsme, qui, contraire à l'œuvre de Leonardo, était bien éphémère. Né pendant la première guerre mondiale, ce mouvement intellectuel mettait toutes considérations et valeurs culturelles, sociales et même politiques en cause. Une tendance antithétique de l'époque. Le dadaïsme opposait par principe tout ce que l'art soutenait, la Monna Lisa compris, bien évidemment.

Dix ans plus tôt il y eut aussi le vol de la Gioconda du Louvre en avril, 1911. Cet événement a suscité toute une vague d'images populaires parisiennes en forme de cartes postales, et d'illustrations-clins d'œil d'articles. Naturellement alors on commençait à pouvoir imprimer en reproduisant telles œuvres tant bien que mal, au moins en noir et blanc.

En 1913, le célèbre tableau a été retrouvé, mais l'engouement populaire ne continuait que davantage. Et on a d'ailleurs toujours une richesse de l'humour imprimée et archivée en images assez médiocre, parfois bien vulgaire, genre de carte postale de la Monna Lisa avec une moustache et une barbiche, endossée sur le côté verso par Marcel Duchamp avec les lettres LHOOQ, qui pourraient peut-être toujours provoquer des ricanements de certains esprits peu profonds même aujourd'hui.

Rien ne serait plus facile que de scanner et publier ici quelques exemples de cette petite profanation, mais ce n'est pas mon intention. Je fais mention seulement pour démontrer que lorsqu'on ne veut pas, ou n'arrive plus à apprécier quelque chose d'extraordinaire, d'exquis, un chef-d'œuvre qui défie toute explication ainsi que le temps même, certains ne peuvent pas s'empêcher de vouloir ou mettre leur

marque dessus, ou la dénigrer, la miner ou carrément la détruire. C'est un peu comme certains enfants qui veulent casser leurs jouets quand frustrés, ils n'arrivent pas à comprendre comment ils fonctionnent. Quand l'intellect n'est pas à la hauteur de l'œuvre (ou de la technologie, comme c'est souvent le cas aujourd'hui).

Mais ce phénomène n'était pas alors limité aux esprits populaires. Certains artistes parmi lesquels Fernand Léger, Casimir MaléviČ, Gilbert Legrand, Zofia Szalowska, Angela Mekusa ont utilisé aussi l'icône de Monna Lisa. Photographes comme Philippe Halsmen, Richard Rein, etc., ont aussi ajouté leurs touches éphémères et donc sans grande valeur. Comme bien d'autres, moi aussi j'ai utilisé cette icône pour illustrer un point de vue, ou pour faire valoir ce qui semble à mon modeste avis, douteux, comme un comportement plutôt prétentieux ou tartuffien de certains (en Viewfinder).

Lorsqu'on essaie de chercher une reproduction assez fidèle de la Gioconda, ce n'est pas facile, mais malgré le fait que l'on tombe sur une soi-disant reproduction dotée d'un ciel bleu au lieu d'un ciel verdâtre-crème doré, rien d'essentiel de ce qui rayonne de manière quasi hypnotique de l'œuvre ne change pas outre mesure.

Ceci semble renforcer ce que j'ai écrit dernièrement à propos de la couleur et son application à l'époque de Leonardo da Vinci. Mais j'ai aussi ajouté la probabilité qu'un génie comme Leonardo utiliserait l'opposition (polarité) des couleurs instinctivement. Ceci est évident lorsqu'on regarde les couleurs du ciel et de l'eau froide contre la couleur châtaigne du cheveux, ou la couleur bleuâtre du châle avec la couleur orangeâtre des rochers derrière.

Mais ces couleurs plutôt domptées et très subtiles pour ne pas trop imposer sur le portrait même et la magie qu'il évoque, malgré leur importance tonale, ne sont pas pour autant aussi importantes que le contraste tonal et linéaire entre la calme sérénité de cette douce femme immobile et suprêmement confiante; et le mouvement du paysage agressivement raboteux, quasi sauvage et désertique derrière. Voici une partie du secret pourquoi cet œuvre nous enchante et nous hypnotise.

Car la Gioconda, son expression de douce félicité, son sublime calme, son secret immortel, (peut-être même pas partagé consciemment avec son créateur) est totalement mise en valeur par le fort contraste de cet arrière plan nerveux, ce paysage sauvage et serpentin, représentant la vie elle-même, changeante, effrayante et imprévue.

Il va sans dire que Leonardo savait très bien l'effet qu'il avait l'intention de créer en établissant une telle opposition d'atmosphère et d'ambiance, (de mood). Pour cette raison la Gioconda est aussi une expression d'amour et de respect pour la femme, pour sa force, sa stabilité, sa confiance, son stoïcisme son impassibilité, malgré la vie, (ou peut-être même à cause de la vie) ses tribulations imprévues, les cataclysmes, les guerres. D'ailleurs on sait que généralement c'est pendant les guerres que la femme est souvent inclinée à donner la vie, pour compenser en partie sans doute, pour la vie que l'homme bêtement, est alors obligé de supprimer.

A cet égard la Gioconda est le portrait d'une Déesse. Celle qui nous berce maternellement et éternellement, qui nous rassure, que quoi qu'il arrive, tout est dans l'ordre des choses. Et sans doute Leonardo da Vinci le savait bien lui-aussi.

Naturellement on pourrait continuer à écrire en ajoutant même nos rêveries et nos philosophies à l'infini à propos de ce chef d'œuvre, mais la Gioconda n'en a pas le moindre besoin. Et en tous cas elle défie et défiera totalement et toujours de telles prétentions, considérations et préoccupations. Le fait qu'à travers le temps elle a toujours suscité cette fascination extraordinaire, est évidemment aussi la preuve de sa puissance non seulement monumentale, mais aussi énigmatique, illusoire et totalement hors du temps.
On devrait ajouter quand même que beaucoup d'artistes ont essayé de réproduire la Gioconda, certainement comme exercice de technique, et peut-être pour essayer de mieux comprendre l'essence du chef d'œuvre. Certains ont réussi à faire des copies assez impressionnantes, mais personne n'a jamais réussi de manière satisfaisante. Ce n'est guère étonnant, car c'est comme peindre dans le noir, ou copier mécaniquement, sans aucune idée des sentiments essentiels, de l'âme, de la motivation, de l'objectif et de la science de Leonardo da Vinci, sans considérer le sujet même du portrait. 



La Gioconda. L'icona eterna. Un ritratto che è più un punto di riferimento monumentale sotto tutti i punti di vista nella storia che un ritratto di chicchessia. Lo si è affermato già : mi sembra che questo capolavoro sia l'anima di Leonardo stesso, insomma un autoritratto dell'anima sua. E forse Freud aveva ragione di credere che il viso calmo e sereno della donna, che sembra anche condividere sottilmente reminiscenze con il suo creatore, aveva un rapporto materno con Leonardo da Vinci. 'La tenerezza eccessiva della madre' delicatamente svegliata nelle memorie della sua infanzia. Questo sorriso famoso della Gioconda è parte integrante dell'opera e l'eterno segreto.

Le altre interpretazioni freudiane, come l'allusione all'omosessualità di Leonardo fondata su una ricostruzione della Gioconda travestita e pettinata come un giovane ragazzo, sono molto meno credibili. Negli anni '20 c'era ancora il dadaismo (molto effimero rispetto al capolavoro di Leonardo) che rappresentò una forma di contestazione culturale del tempo. Una tendenza culturale dell'epoca che si opponeva per principio a tutto ciò che l'arte sosteneva, la Monna Lisa compresa, beninteso.

Anche il furto della Gioconda dal Louvre dieci anni prima, nell'aprile 1911, ha suscitato un maremoto di immagini popolari parigine nella forma di cartolina, ed articoli illustrati. Naturalmente allora si iniziava a poter stampare riproduzioni alla meno peggio, almeno in bianco e nero.

Nel 1913, il famoso quadro era ritrovato, e l'entusiasmo popolare continuava sempre più. E del resto c'è sempre una ricchezza di humour stampata e archiviata, talvolta alquanto volgare, tipo la cartolina della Monna Lisa con un baffo ed una barbetta, firmata da Marcel Duchamp con le lettere LHOOQ, che potrebbero forse sempre provocare la risata di alcuni animi poco profondi anche oggi.

Nulla sarebbe più facile che fare qualche scansione e pubblicare qui alcuni esempi di queste piccole profanazioni, ma non è mia intenzione. Intendo solo sottolineare che quando non si vuole, o non si arriva più ad apprezzare qualcosa di bello, straordinario, squisito, un capolavoro che sfida ogni spiegazione e il tempo stesso, taluni non riescono a trattenersi dal dire la loro, per denigrarla, abbassarla, o semplicemente per distruggerla. È un po' come certi bambini che rompono i loro giocattoli quando sono frustrati perché non arrivano a comprendere come essi funzionano. Quando l'intelletto non è all'altezza dell'opera (o della tecnologia, come è spesso il caso oggi).

Ma questo fenomeno non era allora limitato agli animi popolari. Alcuni artisti fra i quali Fernand Léger, Casimir MaléviČ, Gilbert Legrand, Zofia Szalowska ed Angela Mekusa hanno utilizzato  l'icona della Monna Lisa. Fotografi come Philippe Halsmen, Richard Rein, ecc., hanno anche aggiunto i loro tocchi effimeri e dunque senza gran valore. Anch'io avevo usato l'immagine della Gioconda in modo ironico per illustrare un punto di vista, o per fare valore ciò, che al mio modesto parere, sembra un atteggiamento piuttosto presuntuoso o ipocrita di certi (in Viewfinder).

Provare a cercare una riproduzione abbastanza fedele al ritratto della Gioconda non è facile, ma nonostante il fatto che si cade su una cosiddetta riproduzione dotata di un cielo blu invece che di un cielo verdastro-dorato, nulla di essenziale cambia rispetto a ciò che irradia in modo quasi ipnotico dall'opera.

Questo sembra rinforzare ciò che ho scritto a proposito del colore e la sua applicazione all'epoca di Leonardo da Vinci ultimamente. Ma ho anche aggiunto la probabilità che un genio come Leonardo avrebbe utilizzato il contrasto (polarità) di colore istintivamente. Questo è ovvio quando si guardano i colori del cielo e dell'acqua freddi, in opposto al colore castagna dei capelli, o il colore bluastra dello scialle in opposto al colore arancione delle rocce sullo sfondo.

Ma questi colori piuttosto domati e molto sottili per non incidere eccessivamente sul ritratto stesso e sulla magia che questo evoca, nonostante la loro importanza tonale, non sono importanti quanto il contrasto tonale e lineare tra la calma serenità di questa morbida donna immobile e sommamente fiduciosa, e il paesaggio di sfondo aggressivamente ruvido, quasi selvaggio e desertico. Ecco una parte del segreto che fa sì che quest'opera ci incanti e ipnotizzi.

Poiché la Gioconda, la sua espressione di felicità morbida, la sua sublime calma, il suo segreto immortale, (di cui forse neppure il suo creatore è pienamente consapevole) è rafforzata e valorizzata dal forte contrasto di questo sfondo nervoso, da questo paesaggio selvaggio, che rappresenta la vita stessa, mutevole, spaventosa ed imprevista.

Va da sé che Leonardo era perfettamente consapevole dell'effetto che avrebbe avuto tale opposizione d'atmosfera e d'ambiente, (di mood). Per questa ragione la Gioconda è anche un'espressione d'amore e di rispetto per la donna, per la sua forza, la sua stabilità, la sua fiducia, il suo stoicismo, la sua impassibilità, malgrado la vita, (o forse perfino a causa della vita) comprese tutte le tribolazioni impreviste della vita, i cataclismi, le guerre. Del resto sapevamo che in generale è durante le guerre che le donne sono spesso più inclinate a dare la vita, per compensare in parte, secondo la natura certamente, le vite che l'uomo nella follia delle guerre, sopprime.

A questo riguardo la  Gioconda è anche il ritratto di una Dea che ci culla maternamente ed eternamente, che ci riassicura, qualunque cosa accada, per la quale tutto è nell'ordine delle cose. E senza dubbio anche Leonardo da Vinci lo sapeva bene.

Naturalmente si potrebbe continuare a parlare all'infinito aggiungendo le teorie del cerchio, ed anche i nostri sogni e le nostre filosofie a proposito di questo capolavoro, ma ovviamente la Gioconda non ne ha alcun bisogno. Ed in ogni caso essa sfida e sfiderà radicalement e sempre tali pretese, considerazioni ed analisi. Il fatto che attraverso la storia dalla creazione di questo capolavoro la Gioconda abbia sempre suscitato un fascino straordinario, è ovviamente anche la prova della sua potenza, non solo monumentale, ma anche enigmatica, illusoria e completamente fuori dal tempo.
Si dovrebbe aggiungere, comunque, che molti artisti hanno provato a riprodurre la Gioconda, ovviamente come esercizio di tecnica, e forse per provare a comprendere meglio l'essenza del capolavoro. Alcuni sono riusciti a fare versioni molto lodevoli, ma nessuno ha mai ottenuto risultati soddisfacenti. Ciò non è affatto stupefacente, poiché è come dipingere nello scuro, o copiare meccanicamente, dipingendo in modo totalmente superficiale, senza la più pallida idea dei sentimenti essenziali, dell'anima, della motivazione, dell'obiettivo, e beninteso della scienza di Leonardo da Vinci, senza considerare il soggetto stesso del ritratto.
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Text © Mirino. Sources include La Gioconda, L'illustre incompresa, with thanks. Reproductions of the Gioconda c. 1503-1519, Oil on poplar 77 cm x 53 cm (retouched where damaged, and slightly modified in colour where thought necessary by M). With thanks also to Wikipedia Commons. With many thanks to Rob for his invaluable editing and suggestions for the Italian translation. March, 2013

2 comments:

S.R. Piccoli said...

Merci, Mirino, grazie per questo prezioso contributo alla comprensione di un capolavoro immortale, inclusa l'impossibilità di penetrarne il mistero...

Mirino said...

Merci à toi Rob, anche per la tua generosità. (Mi rendo conto a quale punto sono privilegiato e fortunato di aver un tal insegnante d'italiano così qualificato!)