Prévisions et destinés


 'Nous voulons une union volontaire de nations'. Décembre 20, 1922. (phrase creuse..)

Ce  que l'on remarque au long de la lecture des carnets de guerre 14-18 d'Edouard Cœurdevey, est  son étonnante appréciation des faits et sa forte perspicacité haussée par une capacité aiguë de prévoir ce qui à l'époque ne pouvait pas être encore évident.

En considération de ses qualités, on ne peut que se plaindre de ce système de hiérarchie irresponsable et plus ou moins générale alors, qui semblait favoriser plutôt l'arrogance et l'incompétence (pistonnées par des amis et des proches influents) au détriment même de l'effort de guerre et des hommes de valeur comme Cœurdevey. Si on lui avait donné la responsabilité et l'occasion, il aurait pu contribuer à cet effort de manière bien plus positive aux périodes tellement critiques.

Voici, par exemple, un passage écrit le 17 mars, 1917:

'(...) C'est vraiment une journée sensationnelle. les journaux en grandes manchettes portent tous : "La Révolution en Russie. L'abdication du tsar." Il parait que le peuple russe a enfin perdu patience devant les vices de sa bureaucratie et la balaie. Un ministère composite s'installe. Milioukov aux affaires étrangères. Cela sonne mieux l'âme russe que les noms en "er", Starmer, etc. Tous les journaux français débordent d'applaudissements : Vive la Russie libérée qui sera demain la Russie libératrice...", crie Charles Humbert. Il paraît que les Boches, pour d'autres raisons, jubilent également. Tout le monde est donc content. L'avenir dira qui s'est réjoui à tort..'

Puis plus loin, Cœurdevey écrit le 16 juin, de la même année :

'Wilson a dit dans son message aux Russes : "Aucun peuple ne peut être forcé d'accepter la souveraineté qu'il repousse, aucun changement de pouvoir ne peut être effectué s'il n'a pour but d'assurer la paix au monde et le bonheur du peuple. La fraternité universelle ne doit plus être une phrase creuse, mais une réalité... Si nous sommes unis, la victoire est certaine, nous pourrons alors nous permettre d'être généreux."
"Un si noble langage, l'élan qu'il provoque dans la grande république américaine, l'autorité qui en résulte pour elle dans le concert des nations, ce sont là des faits immenses et qui permettent de croire au progrès du monde..." ("Wilson contre Machiavelli") G.W., journal de Genève, 15/6/17.
Il y a une différence capitale entre la portée de ces paroles de Wilson et les déclarations analogues antérieures que les révolutionnaires de 1784, 1789, de 1848, ou les magistrats candides de La Haye avaient faites. Celles-là étaient "des phrases creuses". Celles-ci sont pleines de la puissance américaine, de cette force immense et volontaire qui se dresse sur le monde épuisé, qui inclinera le sort des armes à l'heure et dans la direction qu'elle voudra, qui imposera à la grande conférence de la paix prochaine l'autorité irrésistible de son idéalisme appuyé sur la force triomphante. Il y a quelque chose de changé dans les destinées du monde..'

Et depuis lors, l'engagement libérateur, généreux, mais non toujours pleinement apprecié des Etats Unis, continue d'être appliqué. Et cent millions de victimes du communisme est plus qu'assez pour souligner en rouge vif la phrase de Cœurdevey, que 'l'avenir dira qui s'est réjoui a tort.'...

  'Le pain est le travail et le trésor de toute la nation Soviétique'. 
_____
_____
 
Sources- With grateful thanks- Edouard Cœurdevey, Carnets de Guerre 1914-1918, © Plon. 
Images- Soviet Union propaganda posters of the epoch. Text © Mirino (PW) February, 2010.

No comments: