Une Crise Capitale


Adam Smith- 'Capitals are increased by parsimony, and diminished by prodigality and misconduct'. (The Wealth of Nations, Book II, Chapter III).

L'initiative individuelle et la concurrence du marché libre entre les entrepreneurs est le fondement du capitalisme occidental. Ce mot qui suscite souvent la polémique évoque davantage le manque de confiance pendant les crises économiques, mais c'est un système aussi vieux que l'homme, et d'ailleurs partie instinctive de sa nature.
Prétendre que l'on puisse vivre sans un tel système serait en somme renoncer à la démocratie. Mais même sans démocratie, il faudrait toujours un système capitaliste, donc celui de l'Etat prendrait automatiquement la relève.

L'histoire nous enseigne que cette dernière forme qui avait commencé de manière plutôt utopique, ne fonctionne qu'à court terme, car empêcher l'individu de prendre ses propres initiatives selon ses capacités, veut dire fondamentalement l'étouffer. C'est donc freiner la naturelle évolution sociale et économique d'un peuple.
L'Etat ne peut jamais assumer le rôle de l'individu, malgré toutes les théories ou prétentions les plus avancées.

D'ailleurs le célèbre économiste écossais, Adam Smith, (1723-1790) croyait que lorsque un individu poursuit son intérêt personnel, il favorise le bien de la société plus que lorsque son premier objectif est de faire bénéficier la société.
'Ce n'est pas grâce à la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous obtenions notre dîner, mais grâce à l'égard qu'ils apportent à leurs propres intérêts...'

Il va sans dire que si on ôte aux boulangers l'incitation de faire du bon pain, et encore meilleur que ceux de leurs voisins, ce ne serait pas dans l'intérêt de la société.
Il est aussi évident que pendant les années de capitalisme de l'Etat de l'USSR , il n'y avait jamais un grand enthousiasme occidental pour les voitures fabriquées, sans jamais être sérieusement assujetties à la concurrence mondiale, en Russie.

Même à son époque, Adam Smith était aussi bien informé des méfaits du capitalisme extrême. Il était contre le monopole, l'esclavage, le colonialisme, l'impérialisme et toutes formes d'exploitation injuste. Il estimait que le plus modeste travailleur ne devrait pas être considéré 'intellectuellement inférieur à un philosophe'. Et quand une entreprise est bien gérée, le respect réciproque règne, et personne ne se sent inférieure à personne.

Le traitement impersonnel, l'abus et l'exploitation commencent lorsque les entreprises deviennent des monopoles, des machines multinationales, de même que ces maux commencent dans un système étatique également énorme car le phénomène est pareil. On s'est rappelé alors des livres '1984' et 'La ferme des animaux' d'Orwell, car à la fin il n'y a pas grande différence entre le traitement dicté par le totalitarisme du capitalisme étatique et celui dicté par le capitalisme multinational. Ces deux extrêmes du capitalisme sont donc condamnés à terme malgré leurs façades toujours grandioses et imposantes.

Nous avons vu les petites maisons d'édition mangées par les plus grandes et ces plus grandes remangées à leur tour, enfin à l'avantage de personne et encore moins aux résultats publiés, jusqu'au point de leur propre éclatement d'indigestion chronique, laissant un dernier sillage triste et dégoûtante de médiocrité impersonnelle.
Un problème semblable existe chez les fabricants géants américains de voitures, qui pour leurs vieux clients fidèles, eux aussi peut-être inconscients du monde changeant, continuent à produire des marques quasi obsolètes plutôt par habitude que par conviction.

Il y a aussi le problème européen des hausses de prix, criard après le passage à l'euro et rendu encore pire par ce qui parait être un acharnement déraisonné de la BCE de ne céder un centime de sa valeur trop élevée, perpétuant toujours la disparité monétaire mondiale. Car avec le temps il est naturel, du moins en France, de traiter l'euro comme s'il s'agit du franc. On oublie vite que si on achète une baguette pour un euro aujourd'hui, pour le même montant on aurait pu en acheter plus que huit il y a seulement huit ans.

Il y a aussi la dérive des banques plus occupées par leurs affaires et les bonus hors de proportion des patrons pour condescendre à veiller mieux sur les intérêts de la majorité de leurs clients avec la même attention accordée il y a 20 ans.

Tout ceci représente une dérive du capitalisme donc condamnée à terme, simplement parce que les dirigeants n'assument pas leurs responsabilités, ou ils ont oublié leurs vrais objectifs, leur cause et leur raison d'être.
Le premier devoir des banques, y compris la BCE, est évidemment envers leurs clients, envers ceux qu'elles sont censées représenter et non aux affaires du monde extérieur. Voici les patrons qui ternissent le mot 'capitalisme', car les bons patrons existent et ont toujours existé.

Mais la crise n'est pas uniquement à cause des mauvais patrons. On a tous une part de responsabilité.

J'ai trouvé quelques lignes très intéressantes dans 'Les Carnets de guerre 1914-1918' d'Edouard Cœurdevey. Il avait rencontré un grand fermier intelligent à Brasseurs, qui, après son père, a su monté une ferme moderne et immense. Il parlait de la difficulté de main d'œuvre: 'Pour nos ouvriers agricoles, le patron c'est l'ennemi' (...) 'Leur manque de dévouement, leur paresse, leur jalousie, le peu de rendement qu'ils fournissent' (...) 'Ils se gardent bien de se faire tuer, eux, que le patron soit français ou boche, cela leur importe peu, ils seront toujours, croient-ils, les exploités'. Puis la page suivante- 'Il y a une réaction déjà commencée contre les billevesées socialistes. C'est par la coopération des patrons et des ouvriers que l'on se sauvera. Il faut les intéresser au succès de l'entreprise, leur donner leur part de bénéfices. J'oriente mon jeune fils vers cela'...

Voici donc ce que témoigne Edouard Cœurdevey au mois de juillet 1915. Le même dilemme, aussi vieux que le monde. Les mêmes vieux préjudices perpétués, sinon par quelques cas de mauvais patronage, certainement par les socialistes. Car gérer mal une entreprise n'est jamais une fatalité, mais c'est un défaut isolé grave qui va à l'encontre des intérêts de tous, et sera la cause éventuelle de sa propre faillite.

Ce n'est donc pas le système du capitalisme qui est en cause, mais l'abus du système ou l'incompétence de ceux censés le gérer.

Si personne n'a anticipé l'ampleur de cette crise, personne n'en a été assez conscient du mal latent.
Peut-être l'unique fatalité serait alors la faiblesse ou la cupidité de l'homme. Ce sont elles qui font perpétuer les mêmes vieilles erreurs, comme si rien ne change ou comme si on n'apprend jamais assez de l'histoire.
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Text and image © Mirino (PW) April, 2009

2 comments:

S.R. Piccoli said...

I couldn't agree more with you. This post reminds me of an Abraham Lincoln quote:

You cannot help the poor by destroying the rich, you cannot strengthen the weak by weakening the strong, you cannot lift the wage earner up by pulling the wage payer down, you cannot further the brotherhood of man by inciting class hatred. You cannot build character and courage by taking away men's initiative and independence

Mirino said...

Thank you!
It seems due to the intransigence of our human nature, that history often repeats itself.
The irony is that history, made up of vastly, complicated webs of circumstances, errors and accomplishments, is rich with wise judgments and discoveries of great leaders and philosophers to help future generations avoid repeating old errors.

But perhaps this curious phenomena is also a necessary evil that serves to inspire us towards greater changes. A bit like wiping the slate clean before starting once more, always hopeful of not making another mistake. And in this way, without looking back too often, we plod along, and in this same way we shall eventually even reach the stars.