DSK, le retour



On ne pensait pas nécessaire d'en ajouter pour cette fin de mois, et encore moins à référer encore à ce sujet particulier (dont surtout les italiens en ont assez, aussi à cause du retour incroyable de l'indomptable Berlusconi, lui qui paraît être doté de certains dons exceptionnels qui manquent cruellement à Dominique Stauss-Kahn).

Mais il y a quelque chose de terriblement fascinant au sujet de DSK, l'homme qui aurait pu être Roi, qui, manifestement trop dominé par d'autres inclinations plus pressantes, a été totalement emporté par un infernal vortex lubrique qui l'a entraîné, ainsi l'engloutissant inéluctablement aux bas fonds ténébreux où tout semble être perdu à jamais.

On fait allusion bien entendu à sa volonté aussi pressante d'interdire la publication du livre écrit par Marcela Iacub sur sa liaison personnelle (de janvier à août 2012) avec l'ancien directeur du FMI. Il n'y a aucun besoin de mentionner le titre du livre. D'ailleurs on dit qu'il est sans grand intérêt. Mais c'est à noter quand même que DSK n'est jamais nommé dans ce livre.*

Ce qui semble ironique c'est que la soi-disant victime voulait attaquer en justice l'auteur de l'ouvrage, la maison d'édition responsable pour la publication, ainsi que le Nouvel Observateur, pour atteinte à la vie privée. Une vie privée qui a déjà été tellement exposée, grâce à ses propres faux pas, qu'elle est quasi transparente.

Mais si dans ce livre DSK n'est jamais désigné personnellement, et si selon lui l'atteinte à la vie privée concerne le fait qu'il avait eu encore une autre affaire, avec encore une autre femme, malgré son mariage avec Anne Sinclair et le soutien sans faille de cette dernière pendant les pires moments de la vie de son mari, il va sans dire qu'il aurait été impossible de justifier sa plainte sur le plan moral. Voilà sans doute une bonne raison pour laquelle il a, en réalité, perdu le cas. Car 50,000 euros d'amende payable de la part de Marcela Iacub et les éditions Stock, plus 25,000 euros d'amende payable de la part du Nouvel Observateur (qui apparemment avait nommé DSK comme figurant principal du livre dans l'article sur l'ouvrage en question) est une somme dérisoire en considération du fait que le livre ne sera pas interdit par la loi, malgré l'objectif essentiel du plaignant.

DSK semble être tombé dans un énième piège qu'il a contribué à fabriquer encore lui-même. Celui d'avoir participé à promouvoir le livre même qu'il voulait tant bannir. Un livre qui malgré sa valeur douteuse en tant qu'œuvre littéraire, va rapporter peut-être plus qu'assez pour couvrir les frais des soi-disant 'gains de cause,' grâce justement à la publicité opportune fournie par la malheureuse 'victime'!

Ceci sans considérer le fait qu'il a déjà été obligé de payer plus de cinq millions de dollars pour l'affaire Nafissatou Diallo. Une somme qui aurait inclus les frais de l'accord avec la plaignante, les frais des avocats, de la caution, de la sécurité, de la surveillance, du loyer, etc. 

Mais retournons, pour ce que ça vaut, à l'auteur du livre. On pourrait avancer qu'elle s'est prostituée, non pas pour de l'argent direct, mais pour pouvoir éventuellement écrire un livre sur ce 'sujet passionnant'. Si DSK n'a jamais été nommé dans ce livre, on pourrait affirmer que Marcela Iacub a exercé tout simplement ses droits d'auteur. De toute manière elle a utilisé DSK. En tant que femme, elle a tourné les tables, car personne ne peut affirmer que DSK n'a jamais utilisé les femmes.

Mais pour que le livre se vende, il a fallu quand même que DSK soit nommé. Elle a donc compté sur le Nouvel Observateur pour divulguer le nom du célèbre participant. Ce dernier a promptement réagi, probablement selon toutes les attentes et les espérances de tous concerné, à part DSK, pour faire en sorte que Marcela Iacub gagne son pari, pour ce que ça vaut.

C'est seulement un autre chapitre morne dans la vie d'un homme déchu. Celui qui aurait pu néanmoins être Président de la France. Et on doute fort que ce tome autant pesant que lamentable soit encore terminé.

Le parti socialiste n'est pas blanchi par la chute de DSK non plus. On a déjà donné une opinion à ce sujet. DSK n'a aucune obligation envers ceux qui avaient le devoir de l'aider, et auraient du au moins essayer de l'empêcher de ne pas dérailler au point de chuter dans cet infernal vortex insondable.

Si, au sein du parti, un Secrétaire Général a une vraie fonction, elle doit forcément inclure la responsabilité de veiller sur le comportement de celui alors censé être le premier choix du parti parmi les candidats des présidentielles. Celui sur lequel le parti entier, et par extension la France, comptaient pour représenter alors l'opposition, le parti socialiste.

Après le cas Banon, F. Hollande en tant que Secrétaire Général, au courant de cette affaire, aurait pu et aurait du rappeler à l'ordre Dominique Strauss-Kahn de manière discrète. Le Secrétaire Général n'a rien fait. Sans doute il avait ses propres raisons, et sans doute il s'agit d'un sujet de poids qu'il évitera et esquivera toujours. N'empêche que ce manque de responsabilité- volontaire ou involontaire- fait partie essentielle d'une des chutes les plus vertigineuses des hommes politiques éminents et qualifiés, jamais enregistrées dans l'histoire.
__

* Marcela Iacub, franco-argentine (née en 1964 à Buenos Aires) est juriste, chercheuse et essayiste. Elle est aussi connue pour ses idées- parmis lesquelles - sur la défense du droit à la prostitution, sur le mariage des homosexuels et leur droit d'adopter les enfants, et sur la procréation artificielle.
Il est intéressant à noter que pendant sa liaison avec DSK, en juin 2012, en tant que journaliste elle a fait publier trois articles dans Libération pour soutenir Strauss-Kahn, sans jamais révéler à cette époque sa relation avec lui..
_

Text and caricature (revised as no longer subject to diet) © Mirino. February, 2013

No comments: