On a traité déjà un petit peu du sujet des
sondages, mais avec la fièvre des campagnes politiques françaises pour les prochaines présidentielles, leur utilisation devient encore plus 'exploitée', et leurs résultats semblent toujours plus invraisemblables.
Il est difficile à croire, par exemple, que 75% des français soit 'déçu' du bilan politique du Président.
Il est, par contre, dans la nature française de vouloir un changement, mais non pas au point de revenir quand même en arrière.
Malgré son tonton charisme, son savoir faire médiatique, ressuscitant
Mitterrand pour commémorer son élection il y a 30 ans, est sans doute correct historiquement, mais pas le meilleur calcul pour la gauche. Il ne représente guère un mythe. C'est plutôt son époque que l'on pourrait considérée 'mythique' dans le sens d'insouciant. Une époque bénie d'une mascarade de liberté, égalité et fraternité, mais surtout une époque de calme. Une époque sans engagements où ceux de son entourage, sinon lui-même, pouvaient faire des 'affaires', sans jamais craindre d'éveiller trop de soupçons, et être reçus royalement avec 'sa Cour' par des chefs d'Etats comme Hosni Moubarak.
Peut-être auparavant
Giscard était moins dans les affaires, à part celle des diamants, mais il semble avoir instigué la démarche de compromis, le fameux 'ni ni' politique où on n'avance qu'à peine sans jamais trop se fatiguer. 'Le juste milieu', sinon l'immobilité, comme celle du pendule d'une horloge arrêtée. Mitterrand a donc pris ce petit flambeau du 'juste milieu' tout à fait naturellement.
Cette même démarche convenait aussi à
Chirac, mais il a fait rebelote dans les affaires, de tous genres y compris affectifs.
Il est certain que Chirac savait que le ministre de la Défense Afghan, Ahmad Shah Massoud a visité le Parlement Européen à Bruxelles (avril, 2001). Le Président de l'UE à l'époque était Nicole Fontaine. Elle avait invité
Massoud à s'adresser au parlement européen. Dans son discours Massoud demandait de l'aide humanitaire pour le peuple afghan. Il avertissait que ses agents avaient appris que les Etats Unis risquaient bientôt d'être la cible des terroristes et de subir des attaques sur une échelle très grande. Malgré cet appel et cet avertissement, rien n'a été fait. Nous ne connaissons que trop bien les conséquences, et aujourd'hui le monde paie toujours un prix très fort.
Mais depuis l'11/9 (et l'assassinat de
Massoud deux jours avant) au lieu de faire valoir ces vérités on a préféré les substituer par des pensées incohérentes en vogue comme 'on ne peut pas exporter la démocratie' (comme si cette liberté n'a jamais été le rêve non-réalisé de Massoud lui-même). Et naturellement Chirac fut carrément contre l'idée de défaire le régime iraqien.
Tout ceci pour indiquer que la politique ou l'impolitique française qui a duré trente trois ans, (1974-2007) a fait plus de mal que de bien- et pas seulement à la France.
De vouloir donc régurgiter la mémoire de Mitterrand, comme s'il s'agissait d'un Saint homme, ne correspond pas beaucoup avec la réalité. Si jamais Mme. Royal, par exemple, compte incarner son héros, en s'identifiant avec lui, elle se met au même niveau quelconque, mais encore pire, à celui du passé. Mais une telle démarche populiste, comptant sur la nostalgie 'tonton', ne serait pas trop étonnante de sa part.
Par contre Nicolas Sarkozy, sincèrement déterminé à mener des réformes jugées nécessaires en France, n'a jamais cessé d'assumer ce qu'il estime être ses responsabilités. Même lorsque la France, avec le monde entier, est englouti par un tsunami financier le plus dévastateur de l'histoire.
Jamais il n'a cessé de contrer les critiques, ni de contrer les grèves injustifiées et irresponsables à une telle période, et dont le but était uniquement de revaloriser le pouvoir des syndicats.
Puis dernièrement, au lieu d'ignorer un autre appel à l'aide, au lieu de faire des trois singes, Sarkozy a été le premier chef d'Etat à ne pas seulement entendre l'appel des libyens, mais il a été le premier Président à reconnaître officiellement la Délégation Nationale de Transition libyenne.
Déjà à cette phase délicate de la rébellion, son engagement était courageux. Un ministre allemand l'a traité alors de 'capricieux'. On voit bien avec le temps qui sont vraiment les 'capricieux', les lâches, et ceux à qui manque la prévoyance.
Au même temps David Cameron a aussi soutenu l'opposition libyenne avec Sarkozy. Par contre Obama a trop traîné dans tous les égards. (Bien évidemment il s'est bien rattrapé- peut-être aussi un peu tardivement- avec l'élimination d'Oussama ben Laden, mais même là, sans vouloir miner cette réussite énorme, on a toujours l'impression que tout ce qu'il fait est plus pour augmenter son taux de popularité, que pour faire en sorte que la justice règne dans le monde).
Puis on entend toujours de
Villepin qui a pris une occasion télévisée pour accuser Sarkozy de s'être engagé trop 'personnellement' en Libye, comme si s'engager dans un tel conflit peut être 'impersonnel', mais pour lui toute occasion est bonne pour essayer, sans jamais réussir, à discréditer le Président. Il est déjà très mal placé à cause de Clearstream, mais Sarkozy a toujours été sa cible. (Curieux cette liaison d'eau- 'Watergate', 'Whitewater', 'Clearstream'. Beaucoup d'eau, pas très propre, qui passe sous les ponts).
Le seul choix possible pour contrer Nicolas Sarkozy, assumant que la majorité des français juge qu'un 'changement' en soi est sage et vraiment nécessaire, serait Dominique
Strauss-Kahn. DSK aime la bonne vie. Il a tout à fait raison (et l'affaire de la Porche est franchement aussi mesquine que ridicule). Mais ces dernières années bien comblées au sein du FMI (grâce aussi aux recommandations de Sarkozy) l'a peut-être ramolli un petit peu. On voit mal un Strauss-Kahn en train de s'engager pour aider des rebelles libyens, par exemple, certainement pas avec la même détermination et élan de Sarkozy. On voit très mal DSK contrer les syndicats français de manière aussi résolue que le Président. On a du mal à imaginer DSK exprimer son outrage à propos du comportement répressif et meurtrier d'un al-Assad ou d'un Ahmadinejad.
C'est vrai qu'il a peut-être la capacité de résoudre certains problèmes économiques, Mais comment résoudre la vieille l'équation, relancer le secteur privé, c'est à dire l'économie, sans réduire les dépenses dans le secteur public?
Actuellement il n'y a toujours pas de moyens pour mener la politique classique- genre Robin des bois- de gauche. Il faut les créer d'abord. C'est déjà un casse tête quand Monsieur
Trichet de la BCE aime jouer avec les taux d'intérêts comme si l'euro est une espèce de yo-yo avec lequel on s'amuse pour combler des journées vides.
Et en tous cas comment comprendre ce tollé général que l'on entend lorsque un gouvernement prêt à accorder 840 euros mensuels au RSA, attend que ceux qui en bénéficient fassent cinq heures de travail communal par semaine? Est ce que c'est le monde qui est fou, ou seulement moi?
__
Text and top image © Mirino (PW). Frame of Thierry le Luron imitating Mitterrand
from the video Radioscopi, with thanks. May, 2011