Depuis son époque Leonardo da Vinci est surtout célèbre en tant qu'artiste peintre. Mais lors de sa vie on lui a plutôt donné des titres tels qu'ingénieur, architecte, expert militaire ou même cartographe selon les besoins de ses patrons.
Quant à la peinture Leonardo n'a fait par lui-même qu'environ douze tableaux, bien qu'il ait participé à peindre dix-huit autres.
En outre, comme il avait tant d'intérêts, de passions hormis ses engagements d'Ingénieur ou d'Expert Militaire, etc., auprès des puissants comme Ludovic Sforza, Cesare Borgia, et même le roi François 1er de France, beaucoup de ses œuvres artistiques ne furent jamais achevées. D'ailleurs son esprit était tellement actif qu'il sautait d'un sujet à un autre pour noter ou appliquer ses idées, projets et théories selon leur évolution ou sa guise.
Pourtant Leonardo da Vinci, né le 15 avril 1452 dans le hameau d'Anchiano, près de Vinci, commença bien sa vie comme peintre. Il fut reconnu par son père, mais on ne connaît rien de sa mère. On dit qu'elle s'appelait Caterina et qu'elle était une servante d'auberge. Ceci ajoute au voile du mystère qui enveloppe la vie de Leonardo.
Mais son père, Ser Piero, un notaire bien respecté malgré- sinon à cause de- sa vitalité prodigieuse, (ayant quatre épouses légitimes en plus de ses affaires affectives manifestement moins légitimes, et 12 enfants) a bien remarqué le talent artistique de Leonardo.
Comme sa première femme eut la malchance d'être stérile, Ser Piero récupéra son fils bâtard confié initialement à un couple de paysans de Vinci. Grâce à cette récupération paternelle, Leonardo fut envoyé à Florence à l'âge de 15 ans pour faire son apprentissage de peintre dans un atelier renommé.
Andrea del Verrocchio, l'accepta dans son atelier célèbre, où après six années d'études chaque élève avait le droit au titre officiel de Peintre inscrit à la Guilde de St. Luc,
la Compagnia dei pittori fiorintini di San Luca.
C'est aussi grâce à cet atelier- où on apprenait aussi bien la sculpture, l'orfèvrerie, le travail de bronze et donc la fonderie, et même la création de costumes- que Leonardo brillait dans tous les domaines.
D'ailleurs on dit que son talent était tel que Andrea del Verrocchio, notant que son jeune élève peignait encore mieux que lui même, abandonna la peinture. Il est fort possible que ce soit vrai, car après avoir terminé les œuvres qu'ils ont fait ensemble, telles que
Le Baptême du Christ, et
l'Annonciation (1472-75) où justement on peut voir la maîtrise de Leonardo par rapport à celle de Andrea del Verrocchio, les peintures de ce dernier devenaient bien plus rares.
Les études de draperie de Leonardo pour ces tableaux sont exquises, montrant son appréciation totale pour la forme, la qualité du tissu et sa pesanteur.
Sans doute l'aide initiale de son père eut été très précieuse, mais il ne faut pas sous estimer l'expérience que le jeune Leonardo ait pu avoir auparavant, chez les campagnards. Là il aurait eu le temps déjà d'observer, d'accroître sa fascination pour la nature, d'absorber la beauté de cette vérité essentielle. Car c'est grâce à sa faculté d'observer et d'analyser, qu'il a pu aller au-delà dans tout ce qu'il entreprenait, inventait et accomplissait.
Leonardo regretta de n'avoir jamais appris le Latin à l'école, mais plus tard il l'apprit tout seul.
S'il n'avait pas été autodidacte, il est peut-être plausible qu'il ne serait jamais allé aussi loin dans ses propres études et découvertes. Grâce donc à son sens aigu de l'observation, il a pu établir certaines convictions à l'égard de la liaison intrinsèque de la nature avec la géométrie, la logique, voire les mathématiques.
En effet, une toile d'araignée, par exemple, est essentiellement une forme géométrique, ainsi que les minuscules flocons de neige, ou les feuilles, et les pétales de certaines fleurs qui ont des designs comme les zones d'atterrissage pour attirer et guider les insectes volants. La nature comme l'univers entier est une réussite de coordinations mathématiques élaborées.
Ses études de l'anatomie humaine lui ont fait découvrir le mécanisme merveilleux de l'homme, et par extension le mécanisme applicable.
C'est dans le domaine de l'application pratique des lois naturelles que Leonardo démontre son génie et son sens avancé de la logique. Pour citer une de ses phrases- "la mécanique est le paradis des mathématiques".
Tout est quasi expliqué dans ses innombrables croquis. 'Quasi' car non seulement il avait la manie d'écrire en sens inverse, les italiens qui plus tard ont réalisé certains modèles de ses croquis, rapportaient ou qu'il manquait quelque chose, ou qu'il y avait quelque chose de trop. C'était comme si Leonardo ne voulait pas léguer trop facilement ses secrets, sans au moins laissé des pièges énigmatiques.
La plupart de ses inventions militaires était par contre bien réalisables. Certaines, comme l'idée d'un char, ou celle des mitraillettes, étaient manifestement visionnaires. Toutes ses idées comme les grues, les ponts paraboliques ou tournants, les machines pour creuser les canaux, fourrager, pomper, compenser les niveaux des eaux canalisées, ou celles pour défendre un bâtiment des assaillants, étaient sinon appliquées avec succès, ou certainement applicables à son époque.
Evidemment ceux qui avaient besoin du talent de Leonardo comme ingénieur ou expert militaire ne pouvaient pas compter sur le hasard, surtout pendant une période où des conflits locaux en Italie comme ailleurs en Europe n'étaient point rares. C'était impératif que les idées de Leonardo soient applicables et qu'elles fonctionnent alors bien. Il fallait donc qu'elles soient réalisées et fabriquées avec les matériaux alors disponibles.
Il y avait peu de sujets que Leonardo n'eut pas abordé. Il avait même imaginé une tenue sous-marine, une bouée, ainsi qu'un moyen de marcher sur l'eau.
Dans
Leonardo, couleur, anatomie, envol, j'ai suggéré que Leonardo da Vinci n'ait pas compris la coordination essentielle entre les ailes, la tête et la queue d'un oiseau qui lui permette de s'envoler, planer, tourner et freiner. Mais récemment j'ai découvert des dessins de lui qui montrent manifestement qu'il l'avait très bien compris, aussi en ce qui concerne la résistance de l'air et le phénomène des aérodynamiques.
Le problème évident pour lequel Leonardo ne pouvait pas réaliser le rêve intemporel de l'homme, celui de voler, était essentiellement dû au manque de moyens propulsifs et de matériaux forts mais légers, comme l'aluminium, pour fabriquer une telle machine à voler.
L'homme tout seul n'a pas les moyens physiques pour le propulser. Même un planeur moderne doit être traîné et donc lancé aussi haut que possible d'abord par un véhicule puissant.
Mais Leonardo a bien compris le phénomène de la pression d'air. Son parachute en toile hermétiquement fermé le démontre, et évidemment cette réalisation n'est pas très loin en théorie du deltaplane moderne.
Il y a des dessins de chaînes articulées du maître qui sont tout à fait comme celles d'une bicyclette, mais on se demande si on avait les moyens materiels et techniques pour pouvoir les fabriquer lors du 15° et 16° siècle. Il y a aussi une esquive rudimentaire d'une bicyclette que l'on attribue à Leonardo, mais je ne suis pas convaincu que ce soit un dessin de lui. S'il avait pensé déjà à une telle possibilité, il aurait fait un dessin généralement beaucoup plus explicatif. Le dessin insolite en question n'explique rien et ne correspond pas trop avec d'autres projets de Leonardo. Il va sans dire que les roues à rayons fins auraient été assez inconcevables à l'époque de Leonardo da Vinci.
Si effectivement c'est vrai qu'il l'avait imaginé, alors il s'agirait d'un rêve prodigieusement prophétique.
Sa connaissance anatomique se spécialisait surtout à celle des muscles et des os, les articulations qui permettent le mouvement, et la fonction des muscles et des tendons. Ses études très poussée en anatomie lui ont sûrement donné des idées techniques de démultiplication ou des effets de levier. Pour les organes (à part le coeur dont il comprenait assez bien le mécanisme) il avait d'autres idées, imaginant par exemple qu'une partie de l'âme d'un individu est transmise du cerveau par voie sexuelle lors de l'accouplement. Peut-être en termes génétiques il n'aurait pas eu tort.
Si en tant qu'artiste Leonardo avait eu le même succès de Michelangelo, peut-être aurait-il eu moins de temps pour s'absorber dans de telles passions et d'inventions pour enfin épater le monde entier en tant que visionnaire génial dans tellement de domaines.
Ce qui émane de la
Gioconda, le si célèbre portrait de Lisa Gioconda, (œuvre commandée vers 1503 après la naissance de son fils par Francesco del Gioconda, négociant en soie) est sa sereine confiance par rapport à la nature, ce paysage rugueux, changeant voire tourmenté et imprévisible derrière elle, comme si elle ne pourrait jamais en être intimidée, sachant instinctivement qu'elle en fait partie.
Mais la nature pour laquelle Leonardo da Vinci avait un profond respect, a toujours été son guide et son maître. Il aimait faire un parallèle entre les quatre éléments, le macrocosme de l'univers et le microcosme de l'homme. Ce dernier est un reflet de la nature mère. Elle est une géante qui respire et exhale ses vents, son sang est la lave brûlante qui échappe lorsqu'elle est blessée ou outragée. La mer et les rivières- les bras et les mains- font partie intégrante d'elle tout comme la terre irriguée par ses larmes célestes. Et son mouvement est constant.
Peut-on trouver un meilleur enseignant que la Nature? Si on considère les réussites de l'homme à travers toute l'histoire de la civilisation, il y a bien évidement toujours une belle affinité entre elles et la nature, elle qui doit toujours accorder son approbation. Peut-être Leonardo aurait dit qu'il ne pouvait pas en être autrement.
Vers la fin de sa vie Leonard fut engagé par François 1er de France comme peintre à la cour de Cloux où il continuait ses expériences scientifiques, ses conceptions d'architecture et des projets d'irrigation et de systèmes hydrauliques.
Leonardo da Vinci mourut le 2 mai à Cloux. On dit qu'il décéda en présence du Roi français.
Selon sa volonté il est inhumé à l'église Saint-Florentin d'Amboise. Pendant les guerres de religion sa sépulture sera endommagée, mais l'inscription est registrée dans l'église : 'Messire Léonard de Vinci a été enterré dans le couvent de cette église, un gentilhomme milanais, premier peintre, ingénieur et architecte du Roi, maître mécanicien d'Etat et autrefois directeur des peintures du duc de Milan.'
L'ami et élève de Leonardo, Francesco Melzi, réunit les manuscrits hérités du maître parmi lesquels ceux qui constituent le 'Traité de Peinture'.
Giacomo Salai, l'acolyte et petit ami de long date de Leonardo, hérite la plus grande partie des tableaux de Leonardo. Après la mort violente de Salai (Milan, 1515) on découvrit qu'il possédait des tableaux très importants tels 'Léda et le Cygne' et même 'La Gioconda'.
Le Roi de France acquerra certains de ces tableaux à partir du 1630. Aujourd'hui ils se trouvent au Musée du Louvre à Paris.
Descriptions des dessins en ordre de présentation:
Carte d'Imola réalisée pour Cesare Borgia (1502)
Etude de draperie
Etudes d'écoulement de l'eau
Rhombicuboctahedron (De Devina Proporzione, Luca Pacioli, 1509)
Automobile
Véhicule blindé (char)
Projets de défense contre assaillants
Devises hydrauliques et projet pour respirer sous l'eau
Etudes du vol d'un oiseau
Machine à voler en spirale et modèle
Parachute
Chaînes articulées, et prétendu projet de bicyclette
Etude de l'accouplement
Détail de la Gioconda
Projets des ponts tournants et paraboliques
Grues et engins de chantier
Etudes de transmission d'enroulement
Machine à fronde
Canons montés sur un bateau
Projet de canon à vapeur
Bombes à ogives
Mitrailleuses
Machine pour meuler des objectifs convexes
Dispositif d'enroulement de traitement différé
Etudes pour une église centrale
Etudes de réflexions de la lumière:
(à gauche- d'un miroir concave sphérique,
à droite- d'un miroir parabolique)
Pompes et machines hydrauliques
Projet pour un machine à voler
Lion
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Text © Mirino (PW). The projects referred to here represent only a fraction of the total of Leonardo's innumerable studies and ideas in various domains. Many of his notes have been lost or irreparably damaged.
Sources include Les inventions de Léonard de Vinci (Minerva), Leonardo Anatomia (Giunti), Léonard (Frank Zöllner, Taschen) and Wikimedia Commons, with grateful thanks. Drawings of various studies and projects including those from the note-books of Leonardo. Detail of Leonardo's portrait of Lisa Gioconda. October, 2013