Ce qui se passe dans le monde actuellement me fait penser encore à Massoud. Comment ne pas être conscient des tragiques conséquences interminables de ce manque fatidique de compréhension, discernement, engagement et ainsi de coopération? Car il représenta la clé et la solution. Il représenta l'union des cultures et des religions. Il représenta un musulman exemplaire adoré par ses moudjahidin qui avaient tant de confiance en lui. Un veritable héros qui défendait les valeurs saines, valeurs qui prônent aussi l'amour et la tolérance, car il savait qu'une religion qui prêche la haine et l'intolérance n'est pas une religion, c'est un abus, une exploitation honteuse du seul et unique Dieu, abus pratiqué avec dédaigne par les séides du mal.
Voici aussi pourquoi il a été assassiné deux jours avant que les tours jumelles, frappées par les avions de ligne, tombaient en poussière le
11 Septembre, 2001 à New York.
Quelques années avant, lui et ses hommes auraient pu vaincre les taliban pour libérer Kabul, mais il savait qu'il lui manquait les moyens de tenir et d'établir un gouvernement temporaire et représentatif de tous les afghans. C'est aussi pour cela qu'il est parti finalement pour l'Europe en avril, 2001, pour demander de l'aide. Il avait tant d'amour et d'espoir pour sa nation.
Massoud ne parlait pas anglais, mais il avait appris un peu le français, peut être aussi grâce à l'Ecole Pompidou à Kabul. Il imaginait que surtout la France, pays qui en principe prône avec un zèle révolutionnaire la défense de la liberté, comprendrait l'enjeu crucial et l'aiderait à libérer tout l'Afghanistan.
A Bruxelles Massoud avait même souligné sa conviction que la guerre contre les taliban n'était point une guerre nationale, mais une guerre internationale. Il avait aussi prédit que si l'Europe et l'Occident ne l'aidaient pas en Afghanistan, eux aussi risqueraient de tomber victimes de ces extrémistes.
Il avait déjà remarqué lors des interrogations des prisonniers taliban à quel point ces derniers de toutes nationalités y compris même des chinois, étaient tous conditionnés. Impossible de raisonner avec eux. C'était comme essayer de communiquer avec des zombies.
La France a du savoir la situation. Il y avait les journalistes comme
Ponfilly qui n'avaient jamais cessé d'informer leur pays natal de cette situation afghane si critique. Mais Jacques Chirac n'a jamais été un homme prêt à s'engager. Il a du savoir que les américains, dupés par le Pakistan, étaient menés à ne pas avoir confiance en Massoud. Chirac est de ces français parisiens qui n'aiment pas trop les anglo-saxons, et encore moins les américains. On dirait donc qu'il n'ait rien fait pour encourager ces derniers à faire confiance à Massoud. Peut-être pensait-il qu'ainsi pour lui, c'était plus commode. Si les américains avec leur puissante CIA avaient de tels doutes, pourquoi s'engager? Dans le doute mieux ne rien faire, y compris s'informer davantage. Puis en tous cas il avait alors d'autres chats à fouetter.
On voit par la suite comment ce manque d'engagement européen a été tellement fatal et tragique. On voit ce qu'il a contribué à engendrer et répandre, ce fléau fou, deraciné, terrible et sans fin.
De n'avoir rien fait à ce moment précis dans l'histoire peut être comparé au refus catégorique de la Ligue Arabe d'accepter les accords de partage entre les palestiniens et les israéliens en 1947. Ce refus lui aussi a ouvert une boîte de Pandore impossible de refermer. Ce sont de très lourdes conséquences et responsabilités à assumer. La pesanteur est celle déterminée par tant de haine et d'intolérance, tant de destruction, tant de morts, tant d'atrocités, tant de misère, tant de crimes contre l'humanité, interminables, et tous faussement perpétrés au nom de Dieu, ce qui rend encore plus diabolique cette abomination continuelle.
Aujourd'hui donc, pendant que les extrémistes en Iraq commettent des atrocités, massacrent et expulsent les Chrétiens et les Yazidi, certains en France n'ont rien de mieux à faire que de manifester leur soutien pour les Gazaouis, qui eux aussi ont choisi les extrémistes, Hamas, une organisation listée comme terroriste, pour les représenter. Le monde, et surtout bien évidemment l'ONU, savent fort bien l'objectif de cette organisation, mais on continue à pratiquer les trois singes, le laisser-faire, sans vouloir s'engager non plus, tout en regardant avec une désapprobation politiquement correct les conséquences de sa propre complicité constante. N'est-ce pas encore une évidence terrible de la maladie actuelle du monde?
Si la nature humaine ne change pas et ne pourra jamais changer, une partie de cette nature est l'incapacité ou le manque de volonté d'apprendre véritablement les leçons de sa propre histoire. Sommes nous donc censés croire que la raison pour tout est aussi déterminée par un cercle vicieux qui bascule entre le bien et le mal, un cercle évolutif comparable à ceux de l'univers, ce cercle infini, perpetuel, magnifique, entre la création et la destruction auquel forcément nous faisons une toute petite partie, minuscule, insignifiante mais quand même essentielle?
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Text © Mirino. With thanks for the use of the photos (modified). August, 2014